L’inculpation du président soudanais Omar El-Béchir divise les Africains et la Communauté internationale. Car, plus d’une personne redoutent que ce mandat d’arrêt n’entrave pas le processus de paix au Soudan. Elles suggèrent que la CPI soit dépolitisée pour éviter d’embraser davantage les Etats africains.
La demande d’inculpation formulée lundi par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno Ocampo continue de défrayer la chronique des médias africains et internationaux qui commentent diversement l’événement.
Sans pour autant se perdre dans les méandres des commentaires, on se rend vite à l’évidence que des lignes des fractures se dessinent entre les Africains et la Communauté internationale. El Béchir a, lors de sa première apparition publique hier mardi, déclaré, d’après RFI, que la CPI n’est pas compétente.
L’Union africaine (UA) a clairement mis en garde la CPI contre toute action qui pourrait compliquer encore la situation au Darfour, encourager la reprise des violences et bloquer le dialogue. Elle redoute que cette inculpation du président El-Béchir ne mette en danger les troupes africaines déployées dans la province.
Dans un communiqué, l’UA a exprimé «sa profonde conviction quant à la nécessité de poursuivre la recherche de la justice de manière à ne pas entraver ou compromettre les efforts visant à promouvoir une paix durable sur le continent.»
La force conjointe ONU-Union africaine, la Minuade, chargée de favoriser le retour à la paix au Darfour, redoutant le pire, a décidé de retirer son personnel non essentiel dans cette province de l’Ouest du Soudan.
L’Egypte, par la voix de son ministre des Affaires étrangères a fait savoir tacitement que traiter de manière illégitime avec le Soudan risquera d’entraver la stabilité dans la région. Le président burkinabè, Blaise Compaoré va rencontrer le président américain, Barack Hussein Obama, à Washington pour évoquer le processus de paix et, particulièrement la crise soudanaise.
Entre-temps, les arabes, et plus particulièrement le régime extrémiste de Téhéran juge le sort réservé à Béchir de désobligeant. De l’autre côté de l’Atlantique, l’ONU qui siège à New York appuie sans dire tout haut l’inculpation du président soudanais par la CPI. Elle a, pour ce faire, pris mardi des mesures de protection pour son personnel au Soudan, où des milliers d’habitants s’apprêtaient à manifester contre l’inculpation de leur président .
La France qui assure la présidence tournante de l’Union européenne a, d’après l’AP, demandé au Soudan de livrer deux de ses responsables déjà recherchés à la CPI.
Les Etats-Unis d’Amérique qui n’ont pas ratifié le traité de Rome créant la CPI, redoutent que l’inculpation de Béchir n’entraîne des représailles. Et, les Occidentaux sont réservés quant au timing et à la décision de la CPI.
Par ailleurs, la Chine et la Russie n’apprécient pas cette inculpation du numéro un soudanais pour la simple raison qu’elle risque de mettre à mal le processus de paix au Soudan. L’International Crisis Group estime que ce mandat d’arrêt offre des opportunités et des risques quant au rétablissement de la paix au Soudan étant donné qu’il met fin à l’impunité et peut déstabiliser le Darfour.
En définitive, bon nombre des personnes s’interrogent sur l’opportunité qu’il y a d’inculper un président en exercice dans un pays en proie à la violence. Elles suggèrent que la CPI soit dépolitisée pour éviter d’embraser davantage les Etats africains.