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Ratko Mladic a ce qui s'appelle la gueule de l'emploi. Silhouette trapue, cou de taureau et masque renfrogné que surmontait, du temps de sa splendeur, un étrange calot, celui-là même que portait la résistance nationaliste serbe du mouvement tchetnik, durant la deuxième guerre mondiale. La Yougoslavie de Tito eut-elle survécu à la disparition du maréchal-président, Mladic aurait poursuivi une honnête carrière d'officier supérieur et anonyme. Mais l'explosion du pays en 1991 et la folie nationaliste qui embrasa ses élites allaient réveiller chez lui de vieilles blessures. Commandant en chef des forces serbes durant la guerre en Bosnie-Herzégovine, il est notamment responsable du siège de Sarajevo, qui fit plus de 10 000 morts entre avril 1992 et novembre 1995, et du massacre planifié de quelque 7 000 civils musulmans à Srebrenica.


Brutal, sanguin, mais charismatique


Cette négation de l'autre, mal dont la période d'incubation peut se compter en décennies, il l'a contractée au biberon. Né en 1942 à Bozinovici, village de l'est de la Bosnie, il ne connaîtra jamais son père, un combattant tchetnik tué par les oustachis qui sont alors à la Croatie indépendante ce que les nazis sont au reich allemand. Dès lors, il sera élevé dans la haine des Croates, mais aussi des Musulmans, dont beaucoup étaient des supplétifs de l'Oustacha.


Formaté par une scolarité dans un établissement militaire puis l'académie de Belgrade, Mladic devient un officier bien noté ; brutal, sanguin, mais charismatique et très apprécié de ses hommes. Ce n'est que lorsque la fédération yougoslave explose que se révèle sa part d'ombre. Au début de la guerre en Bosnie, il forme avec Radovan Karadzic un tandem infernal : le psychiatre halluciné théorise la Grande Serbie, le militaire la met en oeuvre à coups de canon. Restée célèbre, l'interception d'une communication avec ses artilleurs postés sur les hauteurs de Sarajevo en dit long sur sa rage destructrice : "Tirez sans arrêt ; il faut les rendre fous."


Le bain de sang de Srebrenica


La complicité entre les deux hommes ne résiste pas au choc des ego ; Mladic n'en poursuit pas moins sa croisade contre les Musulmans, oubliant au passage que ceux qu'il appelle " les Turcs " sont pour la plupart des Serbes convertis de gré ou de force à l'islam durant l'occupation ottomane. Elle culmine en juillet 1995 avec le massacre planifié de tous les hommes de l'enclave de Srebrenica. Cet ultime bain de sang lui vaut une inculpation pour génocide par le Tribunal pénal international. Encore quelques rodomontades devant les caméras de télévision et il plonge dans une clandestinité au cours de laquelle il pourra toujours compter sur une poignée de soldats prêts à se faire tuer pour lui, et un pouvoir politique longtemps complice. Il est d'abord signalé dans la base de Han Pijesak, une citadelle enterrée dans les montagnes de Bosnie, puis à Belgrade où on le voit parfois, au restaurant ou au stade, avant de disparaître pour de bon en 2000, de peur de subir le sort de Slobodan Milosevic, arrêté puis déféré à La Haye par les autorités serbes, puis de Radovan Karadzic qui a subi le même sort il y a trois ans.

Depuis, Ratko Mladic n'avait plus été aperçu en public ; pas même au cimetière de Belgrade où, auparavant, il venait régulièrement se recueillir sur la tombe de sa fille Ana qui s'était suicidée en 1994. Selon des proches, elle ne pouvait plus supporter que tant de violences soient devenues indissociables du nom qu'elle portait.

Source : Le Point.fr

Tag(s) : #International
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