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Bientôt ça serait l’anniversaire du cinquantenaire de la Conférence de Vienne de 1961 qui accorda tous les privilèges et toutes les protections possibles aux diplomates dans l’exercice de leurs fonctions. Quelles seront alors la place et les réalisations de la diplomatie tchadienne lors de cet événement au niveau des relations internationales, de la protection des Tchadien(ne)s de l’extérieur et de leurs intérêts? Le constat actuel est que la diplomatie tchadienne est tout, sauf des choix stratégiques et politiques pour sortir le pays, ses populations, et voire la masse de sa diaspora de l’enfer dont ils sont soumis depuis ces cinq dernières décennies à travers des guerres et conflits perlés.

 

 En fait, la politique (diplomatie) interne et externe du Tchad a connu des soubresauts dus à l’instabilité sociopolitique qu’a connue le pays en général. Mais depuis deux décennies, la diplomatie du régime actuel au Tchad et ses nombreux gouvernements ne se résume  qu’à une diplomatie de sournoiseries, d’exaltation de l’incompétence et d’analphabétisme fonctionnel dans les bureaux des chancelleries et du Ministère. Car si le Tchad avait engagé ou employé des diplomates dignes de ce nom et de profession, il serait mieux loti en ce qui concerne les conflits, guerres, rebellions et autres demandes de réconciliation nationale (ou conférence  inclusive). C'est-à-dire que toutes ces préoccupations  auraient déjà trouvé de solutions ou de transformations satisfaisantes à cause du tact des diplomates Tchadiens. Mais hélas, le régime et son Rais ont préféré opter pour une diplomatie de duplicité et de médiocrité qu’ils cultivent à engager et récompenser des marabouts, charlatans, déserts intellectuels, criminels des deniers publics, ineptes et traineurs de casseroles de tout genre, en manipulant carottes et bâtons pour attirer les uns et punir les autres.

 

Ainsi, au Tchad, l’homme de la rue peut devenir du jour au lendemain diplomate pourvu qu’il mouche quelqu’un, contribue à l’assassinat d’une autorité politique, ou voire simplement que celui-ci soit impliqué dans des affaires louches dans les sérails du pouvoir tchadien. Et en guise de récompense on le parachute quelque part à la tête d’une mission diplomatique, non pas pour servir, mais pour sévir et camoufler son forfait. Voilà banalement comment les Tchadien(ne)s de l’extérieur se trouvent devant des diplomates qui connaissent à peine leurs places, rôles et boulots dans la diaspora tchadienne. Alors, des postes sont crées de toutes pièces, en violation de la Convention de Vienne et des lois tchadiennes, pour caser parents, amis et maffieux du régime de Bamina. Comme l’écrit le chef de la mission diplomatique tchadienne de Genève, ce sont « …des postes créés comme des costumes sur mesure juste pour caser certaines personnes»(Makaila.over-blog.com/9/21/10).

 

Même s’il y a peu de différence entre la politique étrangère d’un pays (choix stratégies et politiques des autorités d’un État) et sa diplomatie ou relations internationales (mise en œuvre de la politique étrangère à travers des diplomates professionnels ou formés etc.), il manque d’organisation et de cohérence dans l’organigramme professionnel de ces deux entités au Tchad. Par conséquent, l’intérêt national ou la protection et défense des Tchadien(ne)s de l’étranger qui devraient définir la diplomatie tchadienne dans ses échanges au niveau international sont sacrifiés sur l’autel de la duplicité politique qu’exalte le régime en place. Les exemples d’incompétence et de déphasage de notre diplomatie sont lésions, et un tour dans les ambassades tchadiennes ou au Ministère des Affaires Étrangères au quartier Gardolé à N’djamena suffira à se convaincre de cette amnésie.

 

Ce qui est encore lamentable, c’est que tous les diplomates tchadiens de carrière, comme on le dit chez nous, sont soit morts, au chômage, en exil, ou soit dépassés par les exigences du moment, telles que connaissances en négociation et transformation des conflits ou  savoir en nouvelle technologie de l’information  pour faire consciemment leur boulot. Alors ces vides sont souvent comblés par des mesquineries et intrigues plutôt que des demandes de recyclage. Bref, la communauté des diplomates tchadiens est aujourd’hui plus nuisible aux intérêts du Tchad et des Tchadiens qu’à ceux des étrangers d’autres nationalités demandant ses services. Par exemple, c’est facile pour un étranger d’obtenir un Visa tchadien qu’à un(e) Tchadien(ne) d’obtenir une copie d’acte de naissance dans une ambassade tchadienne à Paris ou à Washington DC.

 

C’est le lieu ici de louer le courage de notre compatriote et serviteur, Son Excellence, Mr. Talha Allim (« l’ambassadeur aux parapluies et godasses »), depuis Genève, pour ses alertes et lamentations quant au déclin et manque du répondant de la diplomatie tchadienne en plein 21e siècle.  Cependant, malgré l’étalage des failles et déficiences de notre diplomatie par Son Excellence, Mr. Talha Allim, ses préoccupations n’ont jamais trouvé d’oreilles attentives dans les rangs de nos ambassadeurs et consuls, ni ému les locataires de la case et communauté diplomatique de Gardolé (N’djamena, Tchad). Cela témoigne-t-il sans ambages que certaines de ses révélations et inquiétudes sont tellement vraies et claires que ses collaborateurs,  collègues et supérieurs de l’ancien BPN (Affaires Étrangères) ou d‘ailleurs n’ont  daigné participer aux nombreux débats qu’il a lancés sur les Blogs tchadiens?

 

Pourquoi Son Excellence, Mr. Talha Allim, n’a-t-il pas trouvé d’interlocuteurs à ses lamentations (ou apparemment monologues de diplomate)? N’y a-t-il pas d’ambassadeurs, de consuls ou de représentants de notre pays, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui voient la même chose que lui pour participer à ses nombreuses invitations à débattre de l’avenir de notre diplomatie? S’il n’y a pas d’interlocuteurs à ses préoccupations (monologues), pourquoi revient-il aujourd’hui proposer la tenue d’une conférence des ambassadeurs et consuls tchadiens pour statuer sur l’avenir de la diplomatie de notre pays (que ces absents aux débats  voient déjà en rose)?  Sinon, ou trouvera-t-il ces participants s’ils ne s’affichent pas dès les démarches préliminaires à une telle assise dont il a lancé les bases sans le savoir? Ou bien, est-ce une invitation par Son Excellence à organiser une ripaille à la charge des contribuables tchadiens pour lui permettre juste de voir les visages de ses collègues et amis qu’il n’a pas revus depuis belle lurette ?

 

Car que n’a-t-on pas vu et entendu de Dakar à Paris en passant par New York, Montréal et Washington DC etc. des ambassadeurs véreux et des employés d’ambassades agir comme des chefs de mission ou ministre de tutelle? Des Tchadien(ne)s se sont plaint(e)s maintes fois, sans gain de cause, des mauvais traitements reçus dans les chancelleries à cause des comportements peu recommandables de leurs représentants diplomatiques ou chefs de mission en question. C’est dire que nombre d’ambassadeurs et consuls tchadiens ignorent leur rôle premier qui consiste à défendre les intérêts du Tchad et protéger tous les ressortissants tchadiens en dehors du territoire national, à travers des négociations avec les autorités du pays accréditaire. Mais comme les accréditations sont fantaisistes chez nous, nous nous retrouvons devant beaucoup de représentants diplomatiques traineurs de casseroles depuis le pays qui s’évertuent d’abord à soigner leur image, se remplir les poches et moucher ceux qui leur barrent la route du désordre organisé. Comme le relève  bien Son Excellence, Mr. Talha Allim, ceux-ci « …se cachent derrière les symboles de leur fonction publique pour assouvir leur égoïsme et flatter leur orgueil qui les rendent allergiques aux critiques quelle que soit leur valeur constructive ». Par conséquent, nos chancelleries sont devenues malheureusement des coins où foisonnent  mouchards, faiseurs d’intrigues et apatrides, et non des lieux où tout(e) Tchadien(e) en détresse peut trouver du réconfort et de la consolation en se tournant vers son drapeau national.

 

Ce qui fait encore mal dans l’absence de participations aux multiples débats lancés par Mr. Talha Allim, c’est le silence de la masse des tchadiens de la diaspora qui sont également les bénéficiaires de la politique étrangère de leur pays. Ailleurs, ces sont les membres de la diaspora qui sont les ambassadeurs de leurs pays. Cependant, rares sont les communautés tchadiennes de la diaspora qui sont organisées et capables d’exiger quoi que ce soit de leur pays ou de leur ministère de tutelle. Par exemple, la loi votée en faveur des Tchadiens de l’étranger il y a des années n’a jamais vu un début d’application. Et les ambassadeurs ne connaissent même pas le nombre approximatif des ressortissants tchadiens vivant dans leur juridiction. Pis, les ressortissants tchadiens de l’extérieur et les ambassadeurs s’évitent mutuellement et sciemment  pour des raisons obscures (parfois non politiques !). Alors, que représentent les ressortissants tchadiens de l’extérieur et les ambassades s’ils ne pensent pas aux intérêts suprêmes de leur pays qui les invitent à s’approcher et s’organiser pour mieux le défendre à l’extérieur par des négociations et lobbysmes de tout genre?

 

La médiocrité dans l’organisation de la diplomatie tchadienne n’a d’égal que l’absence d’organisations conscientes et puissantes au sein de la diaspora tchadienne dans sa totalité. Car du Cameroun au Canada en  passant par Ouagadougou, le Sénégal, la France et les USA, les Tchadiens sont divisés et mal organisés partout dans les pays hôtes pour imposer un quelconque respect au niveau organisationnel. Ce qui est plus inquiétant pour l’avenir de la diaspora tchadienne, c’est que depuis 2004-2005 la Diaspora Africaine a été désignée comme la Sixième Région de l’Afrique  (les cinq autre régions sont l’Afrique du Nord, Sud, Est, Ouest et Centrale) avec droit de vote à la Commission Affaires Étrangères de l’Union Africaine. Par conséquent, nombres de communautés et pays s’organisent depuis lors afin de faire entendre la voix de leur diaspora et faciliter sa participation et son vote et à la prise de décisions de la Commission Affaires Étrangères  de l’Union Africaine. Mais chez nous, le désordre continue par rimer avec imprévoyance.

 

Laounodji M.Monza
Washington DC
Laoumonzal@yahoo.fr

Tag(s) : #Politique
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