Depuis quelques semaines, tout Ndjamena est sur le qui-vive, l’insécurité ambiante qui prévaut dans la ville oblige les citadins à plus de prudence, surtout la nuit tombée. Les crimes crapuleux se multiplient et chaque semaine traîne son lot macabre de victimes. Une insécurité provoquée et entretenue par ceux-là même qui devraient y veiller.
Cette situation qui rappelle tant d’autres dans un passé récent, est propice à des règlements de compte de tous genres. La mort du neveu de Monsieur Allafouza LONI, Conseiller spécial du Président de la République, abattu par un élément de la garde personnelle du Président Idriss Deby, a plongé la famille du Conseiller du Chef de l’Etat dans une profonde désolation. Le meurtrier qui se trouve être un parent proche du Président Deby a été aussitôt mis aux arrêts puis libéré quelques heures plus tard sur ordre de Deby. Il a même repris service à la présidence de la République.
D’après des informations concordantes et avérées, la famille de la victime rassemblée au domicile de Monsieur Allafouza LONI, sous le choc de l’émotion, avait tenu des propos durs et menaçants contre le pouvoir Deby. La mise aux arrêts du meurtrier a permis de calmer les esprits pour procéder à l’inhumation de la victime. Mais juste après, telle foudre, la nouvelle de la libération du meurtrier vient frapper les familles LONI. S’en suit une agitation nerveuse à la place mortuaire. Allafouza LONI et trois autres personnes décident d’aller vérifier l’information. A la gendarmerie, on est formel : la sécurité rapprochée du Président Deby est venue libérer le prisonnier. De retour, la confirmation de la nouvelle fut une véritable pavé dans la marre. Peine, colère, humiliation et impuissance s’empare de l’assistance. Allafouza LONI se réfugie dans le silence derrière ses lunettes noires. Et comme tout cela ne suffisait pas, Deby le limoge de son poste de Conseiller spécial à la présidence. La « révolte » de la famille LONI est arrivée aux oreilles sensibles d’Idriss Deby qui déclare : « Ils ont oublié tous nos parents qu’ils ont tué à l’Est ? ». Pour rappel, Allafouza LONI avait pris les armes contre le régime et fut un proche collaborateur de monsieur Timane Erdimi. Il a rallié en 2009 en même temps que les Issakha Diar.
Cette déclaration du Président Deby s’est répandue comme une trainée de poudre dans la communauté Gorane. De Diguel à Faya en passant par Abéché, Faya jusqu'à l'étranger, les commentaires et interrogations vont bon train. Le message est bien perçu et Deby ne peut être plus clair. Il entend venger tous les siens descendus à l'Est par la rébellion armée entre 2005 et 2009. En attendant, tous ceux qui ont, un certain temps, pris les armes contre son régime doivent restés à genou, se soumettre et subir les affres de son pouvoir tyrannique qu'il le veut absolu et exclusif malgré les quelques postes à responsabilités attribuées çà et là à certains d'entre nous. C'est cela la dure réalité de la collaboration avec le régime Deby.
Par Tahir Toké