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Les voleurs se nomment :
Mossé Tormbaye, Mangaral Banté,
Djimasdé Ningaroh et Bernard Tao

Selon les sources concordantes, le directeur commercial Mossé Tormbaye, placé sous les verrous à la Maison d’Arrêt de Moundou, a vendu plusieurs tonnes de graines de coton à hauteur d’environ 2 milliards de FCFA aux sociétés nigérianes. Pourtant, une ferme décision du chef de l’Etat en début de la campagne 2008-2009, a interdit la vente des graines de coton. Après les arrestations de trois cadres de la société cotonnière du Tchad, des sources judiciaires annoncent une autre vague de cadres qui vont prendre la direction de la Maison d’Arrêt de Moundou dans les prochains jours. Les concernés ont perdu le sommeil, d’après leur entourage. Une enquête de Moussaye Avenir De La Tchiré, envoyé spécial de la Voix.

Le directeur général de la CotonTchad, Mangaral Banté est suspendu de ses fonctions. Le directeur financier et de la comptabilité et lui souffrent d’insomnie. C’est ce que laisse entendre leur entourage. L’objet de la crainte : les présomptions de détournement qui pèsent sur le directeur commercial Mossé Tormbaye, pour lesquelles ils ont été entendus par la mission du ministère du Contrôle général de l’Etat et de la Moralisation.

Cette mesure avait pour but d’alimenter suffisamment l’huilerie, afin de lui permettre d’augmenter sa production. Contre la volonté du Chef de l’Etat, Mossé a vendu les graines de coton à un prix plus élevé que celui fixé par la société, et a subtilisé la différence, nous révèle un de ses plus proches collaborateurs, qui a requis l’anonymat. La même source indique que la procédure interne de vente voudrait que le document de vente soit signé du directeur général et du directeur financier et de la comptabilité, pour garantir l’encaissement des fonds.

Cependant, Mossé Tormbaye a procédé à plusieurs de ces opérations sur simple écrit avec la mention « sur instruction du DG ». Selon une proche du dossier, la vente a souvent été visée par la direction financière et de la comptabilité, qui a par ailleurs encaissé les fonds. Cette vente a duré pendant toute la période de la campagne (octobre-juin) au vu et au su du directeur général et du directeur financier pourtant très bien informés de l’importante décision du président de la République. Les faits reprochés au directeur commercial ont d’énormes incidences sur la production de l’huile, à cause de la carence de graines de coton. Conséquences, des centaines d’employés sont envoyés au chômage et les vendeurs d’huile importée font de la spéculation. “Au sortir de ce dossier de l’instruction, les badauds cachés seront débusqués et mis aux arrêts”, ironise un cadre de la CotonTchad, apparemment heureux du sort de ses collègues mis en cause. Cette situation aurait sérieusement déprimé le directeur général, sommé de ne pas bouger de Moundou par les plus hautes autorités du pays.

Djimasdé Ningaroh et Bernard Tao, respectivement directeur de production et ex-chef d’usine de Kyabé, sont en outre les deux autres vedettes de la présomption de détournement, emprisonnés. Il leur est reproché la disparition des engrais NPKSB d’un montant de 4 500 000 FCFA (quatre millions cinq cent mille). Ce détournement a été mis à nu par la commission d’audit interne. Ils ont reconnu les faits et ont par la suite obéi au remboursement imposé par le conseil de discipline, grâce au soutien de certaines personnalités haut placées. Sans quoi, cette faute, selon les textes de la société, ne mérite qu’un licenciement pur et simple. C’est donc le ministère du Contrôle général de l’Etat et de la Moralisation qui vient de faire rebondir le dossier. “En dépit du remboursement, le délit de détournement, prévu et puni par la loi, pèse sur eux”, soutient un magistrat à la retraite.

Les forfaits présumés du directeur de la production font tourner les regards vers le chef de ferme de Békamba, jusque-là en liberté. Ce dernier a signé, sur la demande du directeur de production, un bordereau de réception de plusieurs tonnes d’engrais d’un montant de 5 000 000 de FCFA (cinq millions), que le magasin de la ferme n’a jamais réceptionné. En plus, la signature du document s’est passée dans la ville de Sarh. Après reconnaissance de l’acte, il a pu rembourser 2 000 000 de FCFA. “Même si par crainte de répressions, le chef de ferme s’est plié aux injonctions de son patron, son acte ne le dédouane pas”, soutient une source judiciaire

Pillage à ciel ouvert
A entendre certains cadres de la société, ces manœuvres de détournement ne datent pas d’hier. Surtout depuis que le pouvoir a une mainmise accrue sur la filière coton. De nombreux cadres placés à des postes stratégiques pillent à volonté sans être inquiétés et par-dessus tout, bénéficient du soutien sans faille à des niveaux insoupçonnés. “Le principe de l’intouchabilité a force de loi à la Cotontchad”, martèle d’un air grave, un agent de maîtrise. Ce dernier poursuit : “Ces cas de détournement ne sont que la partie visible de l’iceberg. Ce sont les maillons faibles qui sont touchés. Les grands criminels de cette société sont libres et ricanent dans leur petit coin”. Ce scandale enrichit le menu des causeries autour de la quasi-totalité des débits de boisson de Moundou.

Si de nombreux Moundoulais se réjouissent de cette vague d’arrestations, d’autres estiment que “c’est une manœuvre qui vise à nettoyer les cadres sudistes de la boîte comme ce que Hissein Habré a réussi à faire entre 1984 et 1985”. Dans les milieux du conseil régional du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), certaines langues s’accordent à dire que Mossé Tormabaye et consorts, payent le prix de leur avarice. Il semblerait que malgré les énormes ressources qu’ils tirent de leurs fonctions, leurs cotisations au parti ne répondent pas à ce qu’attend la hiérarchie. Cette dernière l’estimerait très maigre. Les jugements de tous bords et des analyses troublantes, sont sur toutes les lèvres. Toutefois, une éventuelle rafle des gros calibres de la boîte est annoncée. Il est fort probable que d’autres cadres regagnent leurs collègues dans le “Guantanamo” moundoulais.
 

Moussaye Avenir De La Tchiré, envoyé spécial
La voix
http://www.toumai-tchad.com

Tag(s) : #Politique
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