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LETTRE OUVERTE AU CONSUL DU TCHAD AU SÉNÉGAL

Monsieur le consul ! D’emblée, sachez que je ne suis ni contre votre magistère ni contre votre personne. Par contre, je vous respecte comme d’ailleurs, le respect que je porte à l’endroit de tout être humain. Aussi, soyez rassurés, je ne m’adresse pas à votre personne ; mais plutôt au consul comme la plus haute autorité tchadienne au Sénégal. Par ailleurs, acceptez que je vous dise que je suis le tchadien le plus en colère de toute la diaspora réunie. Il y va sans dire, du Sénégal y inclus !

Son excellence, je ne vous juge pas, c’est trop tôt ! Mais déjà, à la lumière de ce qui se passe, je suis déçu. Déçu comme une femme déçue par tous les hommes. Déçu comme ces femmes tchadiennes (de Dakar) que vous avez baladé durant plusieurs jours entre leur domicile respectif et votre ‘‘domicile de consulat’’. Ce, suite à l’enveloppe laissée en leur nom par le président de la république, lors de son récent passage au Sénégal, il y a trois semaines. Déçu comme ces femmes respectueuses que vous aviez contraint à vous manquer de respect, chez vous, en présence de votre épouse. Déçu comme ces mêmes femmes au cœur ébouillanté qui ont tambouriné leur poitrine et pleurer toutes les larmes de leur corps pour réclamer leur 15 OOO €, en vain ; et qui finalement, n’auront qu’à se consoler que de 75OO €. Mal leur en avait pris !  C’était mal vous connaître.

Aussi, déçu comme ces ‘‘vrais’’ artistes surpris, qui estiment, sans muse et sans inspiration (les deux mains aux hanches et secouant la tête à la verticale) que vous avez ‘‘détourné’’ leur argent pour, disent-ils, « des ‘‘vrais’’ faux artistes, voire des artistes fictifs si ce n’est vous l’artiste. »

Ah oui ! Confondre les gens, les manipuler, les distraire, les pousser jusqu’à épuisement pour céder nécessite beaucoup plus de tact, de dextérité, d’ingéniosité, de séduction, bref, cela relève de l’art. Rien que pour cela, croyez-moi, vous êtes un artiste. Un vrai. Pas comme ces faux auxquels vous avez remis l’enveloppe des ‘‘vrais’’.

Monsieur le Consul, aujourd’hui, ce que j’appelle avec appétit, le malheur de ces femmes et artistes, et pourquoi pas le vôtre aussi, est que cette fois ci, au moins, le Ministre Younousmi, sous instruction du Président de la république a divulgué le contenu de chaque enveloppe. Mieux encore, en présence de la communauté tchadienne et pas seulement les éléments du MPS (parti au pouvoir) comme à l’accoutumée. Nonobstant cela, aujourd’hui, vous et ceux qui étaient avec vous à l’hôtel ce soir du O4 avril semblez avoir entendu différents messages d’un même discours distillé par la même personne.

Son excellence, à force de confondre les autres, vous finissez par vous confondre vous-mêmes : le matin, on se souvient très bien de l’enveloppe des artistes et, quand les ‘‘vrais’’ artistes se pointent à midi, c’est plutôt l’enveloppe d’une « association de dernières minutes » et ; juste avant la prière du soir, c’est l’enveloppe destinée au projet ‘‘nuit d’espoir’’. Ceci expliquant cela, convenez avec moi que c’est une enveloppe caméléon. Bon Dieu ! Qu’il est incompréhensiblement réel qu’une autorité verse facilement dans des propos aussi versatiles que futiles. Pis encore, celle-ci ne se souvient pas ou refuse de se souvenir du nom ou des noms des bénéficiaires ni du montant remis. Et pourtant, cette autorité se souvient les avoir servi. Son excellence, un tel comportement est une hypothèque à la confiance.

Monsieur le consul, les nouvelles qui courent la cité disent qu’une enveloppe a disparu. Pour dire net, que vous avez fait disparaître une enveloppe de 15 OOO €. Vous ne pouvez réaliser à quel point il est décourageant d’entendre de tels propos au sujet de la plus haute autorité qui nous représente au Sénégal. Personnellement je n’ai pas de preuves, mais comme qui dirait : « L’absence de preuve ne signifie pas la preuve de l’absence. » Tout ce que je sais, son Excellence, est que : « Même quand l’oiseau marche, on sent qu’il a des ailes. » disent les berbères. Mais là n’est pas encore ma colère.

Monsieur le Consul, je ne sais comment vous signifier à quel point ça parle dans la cité de nos compatriotes. Ça parle mal. Ça mijote tellement. Ça chuchote trop. Pour ce qui est mien, comprenez, c’est parce que je n’aime pas les chuchotés, les non-dits et les mal-dits que j’ai sorti cette plume pour vous dire que :
Dans la cité, votre légitimité est contestée par nombre de nos compatriotes. D’aucuns croient la main sur le cœur que les rouages et les coulisses utilisés pour atteindre ce magistère sont illégaux. D’où, se pose ce légal problème de légitimité. N’en déplaise à vos détracteurs ! « La où il y a la volonté, chantait un chansonnier britannique, il y a un chemin. » Et vous avez pu ou su trouver votre chemin. Qu’avais-je écris ? Vos chemins.

Mais ce qui me fait sortir brutalement de ma caverne de tchadien le plus en colère de toute la diaspora réunie, c’est mon drapeau. Mon hymne. Ma République. Mon Etat. Ma Nation. En avez-vous une notion ? Son Excellence, je vous jure au nom de la République, que jamais, au grand jamais, au nom d’une Nation, d’un Etat, on ne se réveille pas seulement un matin, on appelle son fils et, à l’aide d’une échelle, on fait attacher un drapeau comme si c’était un rideau qu’on attachait à une porte de Moursal, de Diguel ou de Bololo et, le reste de la famille applaudit jovialement, à l’unisson : Vive la République. Vive le consulat. Vive son excellence. Vive papa. Et papa est content !
Allez dire au papa que moi, je ne suis pas content ! Je ne suis pas content quand je pense à tous ces hommes qui sont tombés pour ce drapeau si cher à nous. Au passage, d’une inflexion de la tête, je leur dis : HOMMAGE A VOUS !  Allez dire au papa que nos compatriotes aimeraient être présents et main sur le cœur, entonner La Tchadienne, voir le drapeau monter jusqu’à la hampe, ressentir le nationalisme, se sentir si proche de ce pays si lointain. Papa sait-il vraiment l’effet que cela allait produire en nous, tchadiens de la diaspora ?

Allez dire au papa que son magistère a déjà duré plusieurs mois. Et croyez-moi, il est manqué d’inspiration. Il n’a toujours rien dit et rien fait. Allez lui dire que nous l’attendons avec extrême impatience. Allez lui dire que le manque d’information est la source principale de rumeurs, de mal-dits, de chuchotements voire d’accusation. Allez lui dire qu’il doit faire son introspection, en ayant en avant plan les intérêts patriotiques ; mais dites à son Excellence qu’en en attendant, qu’il se rappelle encore et toujours que : je reste le tchadien le plus en colère de toute la diaspora réunie.

ALLAHISSEM Miangar
mallahissem@yahoo.fr

Tag(s) : #Ambénatna
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