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Les mouvements rebelles tchadiens, regroupés au sein de deux grandes entités que sont l'alliance nationale (AN) et l'Union des Forces pour le Changement Démocratique (UFCD), ont lancé il y a une semaine des offensives militaires contre les forces gouvernementales d'Idriss Deby Itno. Ces offensives sont assurément un succès éclatant.

Contrairement à leur dernière offensive du mois de février 2008 où les forces rebelles réunies à l'époque au sein de la coordination militaire unifiée (CMU) ont foncé tout droit sur la capitale N'djaména avant de se retirer après deux jours de combats meurtriers, cette fois-ci, la tactique a bien changé.

Les deux chefs de la coalition rebelle, le Général Mahamat Nouri (AN) et le Colonel Adouma Hassaballah (UFCD), ont laissé entendre dès le début des hostilités que leur objectif demeure la capitale N'djaména mais ils devraient au préalable nettoyer les forces gouvernementales positionnées sur leur chemin. Mais comme on ne sait pas à quelle vitesse tout cela peut se dérouler, les populations de N'djaména ont préféré se mettre à l'abri au Cameroun voisin. Il vaut mieux prévenir que guérir, surtout quand on connaît les intentions des hommes d'Idriss Deby.

La nouvelle trouvaille de la rébellion de l'Est consiste donc à un nettoyage des postes avancés des forces gouvernementales. C'est ainsi que Addé, Moudeina, Goz-beïda, Mangalmé ont été investies par les forces de l'UFCD, obligeant les hommes de Deby et leurs supplétives du MJE à se replier vers Am-dam et Oum-hadjer où ils devraient être renforcés par des éléments pré-stationnés à Abéché et contre-attaquer.

C'est en ce laps de temps qu'une colonne de l'AN les attaque à Am-dam et puis à Oum-hadjer et les poursuit jusqu'aux portes d'Abéché où se concentre l'essentiel des forces combattantes d'Idriss Deby. A Aéché se trouvent aussi les QG des forces frnaçaises de l'Epervier et de l'EUFOR, les ONG qui assistent les réfugiés du Darfour présents sur le sol tchadien.

Vraisemblablement, la colonne de l'AN n'est pas la hauteur des forces ennemies présentes à Abéché. Elle contourne donc cette ville et balaie d'un revers de main la garnison de Biltine. Ayant appris que les forces du MJE faisaient route vers elle via Am-zoer, la colonne de l'AN les surprend dans cette dernière ville et inflige au MJE une correction mémorable. Les différentes sources d'informations confirment les lourdes pertes subies par les rebelles du Darfour (MJE), alliés d'Idriss Deby dans ce conflit tchadien.

Après Am-dam, Oum-hadjer, Biltine et Am-zoer, la colonne de l'AN a véritablement accompli sa mission. Elle devrait être relayée par une autre colonne de l'AN en route vers Am-zoer. C'est dans cette attente qu'une importante colonne des forces gouvernementales a décidé finalement de sortir d'Abéché et à l'approche de la ville d'Am-zoer, a commencé à pilonner la ville causant la mort de beaucoup de personnes parmi la population civile. Les forces de l'AN ont alors été contraintes de se replier et laisser la ville aux forces gouvernementales.

En découdre avec les hommes de Deby en dehors des grandes villes comme Abéché et N'djaména est donc la nouvelle stratégie de la rébellion. Car le pouvoir vacillant de Déby a programmé tout un plan visant à massacrer les populations civiles et obliger la communauté internationale d'intervenir en mandatant par exemple les forces de l'EUFOR et celles de l'Epervier déjà sur place. En effet, malgré les timides déclarations des officiels français relativement aux soutiens logistiques et en renseignements, concrètement sur le terrain rien n'a changé, les avions français survolent toujours les positions rebelles et fournissent donc l'information au gouvernement.

A N'djaména, d'importantes dispositions (tranchées, pose des mines, monticules pour canon de longue portée, déracinement des arbres, destruction des maisons, ...) ont été prises par le gouvernement Deby afin de mener une guérilla de longue durée et ce en pilonnant comme en février dernier les populations civiles.

A Abéché, ce sont bien les ONG, les forces de l'EUFOR et probablement celles de l'Epervier qui seront visées. Le MJE est mandaté pour ce forfait. Déjà le ton est donné par Idriss Deby himself qui a accusé les forces de l'EUFOR de prendre fait et cause des rebelles. Ces derniers, en protégeant les ONG occidentales, ont montré qu'ils ne sont pas des bandits de grands chemins mais plutôt des gens révoltés contre les pratiques barbares et inhumaines d'un régime clanique décadent.

La France face au désastre installé par Deby et les protestations de plus en plus insistantes de plusieurs chefs d'Etat africains et des institutions internationales, a fini par mettre de l'eau dans son vin et avoir un début de compassion pour le peuple tchadien meurtri par ces interminables cycles de violences qui ont fini par donner au Tchad le visage d'un pays apocalyptique.

Les Tchadiens doivent compter d'abord sur eux-même. Ils doivent s'unir pour apporter et accompagner le changement, faire en sorte qu'aucun groupe ne puisse s'imposer sur les autres et cela n'est possible que si tout le monde accepte de s'impliquer entièrement et surtout s'efforcer de travailler ensemble quelle que soit les difficultés à surmonter.

Aujourd'hui, il est suicidaire de tourner le doigt dans la plaie. Que ceux qui se plaisent à l'étranger et ont décidé d'y vivre éternellement laissent leurs frères et soeurs construire leur avenir dans la paix et le progrès au Tchad. Que les profitards du désordre et de l'absence d'un Etat normal comprennent qu'il est temps de penser collectif. Que ceux qui pensent revanche et haine se détrompent et revoient leur sentiment. Que les victimes soient patientes et ne vendent pas leur douleurs à des marchands d'illusions venus d'ailleurs.

La conférence nationale de 1993 a été initiée pour légitimer un pouvoir putschiste. Il n'y a eu ni démocratie, ni liberté, ni justice, ni bonne gouvernance. Bien au contraire, le pays a brûlé durant ces 18 années du régime MPS, le peuple a été divisé, l'administration a volé en éclat, l'armée morcelée et les violences permanentes. Le Tchad s'est effondré et a perdu le visage sur le plan international.

L'AN et l'UFCD ont clairement exprimé leur volonté commune d'organiser un forum national ouvert à toutes les sensibilités tchadiennes. Nous devons prendre notre responsabilité et accompagner cette initiative afin de jeter les bases pour une réconciliation nationale solide source de paix et de progrès. Si nous ne le faisons, personne ne le fera à notre place. Les Tchadiens ont déjà relevé des défis, ils relèveront celui de l'unité et de la paix.

Tag(s) : #Ambénatna
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