Du 30 octobre au 02 novembre prochain, s’il n’y aurait pas un cas de force majeure,Hadjar Marfaïne, lieu réputé de violence meurtrière mais aussi cimetière des martyrs,aura à vivre un événement particulier, inhabituel et ,peut être, historique.
Cent vingt-et-un représentants de l’ensemble des factions rebelles de l’est, désignés respectivement conseillers au sein de l’Union des Forces de la Résistance (UFR) vont devoir se réunir non pas pour un palabre futile(personne ne le souhaite), mais pour poser les fondements d’une lutte assainie, orientée, consolidée , définitivement unifiée et harmonisée , bref une lutte révolutionnée répondant aux attentes légitimes d’un peuple agonisant dans la sombre oppression de son histoire.
Cette lutte qui se veut véritablement révolutionnaire impose, donc, un impératif : celui de l’unité des fils du Tchad dans l’opposition armée pour débarrasser le peuple de manière définitive du fardeau dictatorial qui l’a longtemps agenouillé dans la misère noire, le deuil en permanence et la prédation de ses ressources par une poignée mafieuse ‘’françafricaine’’ ainsi que des détournements sans vergogne des biens de l’Etat par le cercle vicieux du régime criminel du MPS imposé depuis bientôt vingt ans dans le but d’appauvrir et de « somaliser » le Tchad .Mission qui lui était assignée par des puissances qui l’ont porté au pouvoir, comme l’a si bien résumée dans un récent article, le camarade Yogogombaye Michelot : « …la coalition néocolonialiste occidentalo-bédouine a compris qu’il fallait un homme comme (cet homme là), Idriss Deby, sans attache sociologique réelle au Tchad, pour mieux et vite détruire l’unité du Tchad,accélérer sa désintégration sociale et le faire suffisamment reculer sur le chemin de sa construction nationale. »
Face à ce danger qui guette l’existence du pays, l’unité ne doit pas faire défaut car les défis à relever étant énormes et supposent la disqualification dès maintenant des caprices et autre mégalomanie des acteurs politico-militaires qui doivent raisonnablement céder à la juste cause, à la cohésion et à l’unité, gage d’une possible victoire du peuple. Tel semble être le realpolitik !
L’unité n’est pas et ne sera pas un vain mot. C’est une urgence qui exige le dépassement de soi, l’abandon des intérêts égoïstes, le changement des comportements et de vision de celui ou de ceux qui (est)sont investi(s )aux commandes d’une opposition infestée ,depuis ces dernières années, par le virus de division et de haine viscérale, source de mal entendu, de désordre et d’échecs successifs dans les entreprises de conquête de Djambangato.
Les combattants au maquis bravant les intempéries, les morsures des reptiles, les maladies dues à une sous alimentation chronique pendant ce semblant de trêve injustement imposée, attendent impatiemment de la tenue du conseil supérieur de la résistance, le début d’exécution d’un nouveau départ.
Las des longues années passées souvent sous l’ombre des bosquets d’épine et d’ arbres rabougris poussant de manière clairsemée sur les hauteurs de Hadjar Marfaïne, ils émettent silencieusement mais consciencieusement le vœux de voir enfin éradiquées les pratiques honteuses d’injustices et d’affinités dans le traitement de leurs situations respectives, abaissées les barrières tribales et claniques, et enfin concrétisée la fusion de tous les mouvements sous la bannière de l’UFR qui devrait demeurer le seul creuset des fils d’une nation, décidés à sauver le Tchad d’une tragédie troglodytique.
Ils estiment que les sacrifices à consentir ne soient point inutiles, que les larmes des sœurs, des mères et des épouses à couler prochainement puissent être essuyées dans l’honneur, la fierté de donner vie ou d’appartenir à « quelqu’un » ayant payé de sa vie pour le bonheur collectif de tout un peuple.
Ce message des combattants même s’il ne sera pas entendu publiquement lors des prochaines assises du CSR, interpelle les consciences de ceux ,pour qui la lutte armée n’est qu’une sinécure, et qui font tout malheureusement pour retarder l’échéance d’un changement politique au Tchad , en manipulant certains combattants naïfs et moulés dans « une école négationniste » qui réduit le citoyen au repli (micro-)identitaire de ferrick ou de village, propre de l’époque préhistorique.
Alors, il est temps de penser au Tchad et au Tchad seul ! Cela ne peut se faire que par une réconciliation des cœurs et des esprits entre les décideurs de l’opposition armée eux-mêmes, et entre eux et les combattants de leurs mouvements respectifs qui sont malheureusement fanatisés, abusés, désorientés de leurs droits et devoirs de citoyens.
Les dirigeants doivent cesser de se sucrer sur les fameuses PGA de leurs ‘’petites’’ organisations afin d’agir dans un grand ensemble national avec la réelle responsabilité de vouloir accomplir un service suprême au peuple tout entier. « Il nous faut accorder cette fois ci le bénéfice du doute », a lancé, au cours d’une discussion, le Docteur Ali Gadaye au camarade, le combattant Doudet visiblement irrité par les comportements de certains responsables qui manifestent rarement le désir de contribuer efficacement à la réalisation rapide des objectifs de l’UFR.
Des assises du CSR, il incombe aux participants de faire un examen de conscience pour répondre sereinement aux attentes du terrain. Il s’agit de procéder à des profondes réformes politiques et institutionnelles, de performer la diplomatie, de changer les stratégies de combat et de chercher à conquérir l’espace médiatique, souvent laissé à la merci du boucher de N’djamena qui , pourtant,peine à transformer son image de diable à celle d’un ange.
Chose qu’il ne parviendra nullement pas, même s’il avait réussi à soudoyer à coup des centaines des millions de FCFA (argent du peuple tchadien spolié) certains outils de propagande de la Françafrique tels que la RFI, Jeune Afrique etc.
- Au plan de réformes politiques et institutionnelles, il est temps de mettre fin au collège des présidents, un organe qui n’existe nulle part dans les textes statutaires de L’UFR et qui fait office de suprématie dans toute décision concernant la vie de notre organisation commune.
- Renforcer les compétences du bureau exécutif tout en procédant d’abord à la suppression de certains postes inutiles. Avec un nombre représentatif au plan national et un choix judicieux des délégués en fonction de profil requis, on aura un exécutif de qualité avec obligation des résultats.
- La séparation de l’exécutif de CSR. Ce dernier doit disposer d’un bureau dont le président, le vice président et les autres membres doivent être élus par leurs collègues. Cette séparation permettra donc au CSR de bien jouer son rôle d’ « organe de décision, de contrôle et de surveillance ».
- L’institution d’un Tribunal de la Résistance : il est vrai que cet organe n’a fait d’aucun objet statutaire. Mais vue l’importance d’une organisation politico-militaire comme L’UFR, il est urgeant d’instaurer une telle instance pour juger ceux qui commettront des délits, des crimes humains et économiques et surtout il sera un instrument dissuasif contre les taupes ou autres personnes infiltrées dans les rangs des résistants et flirtant avec l’ennemi.
Au-delà de ces réformes qui impliquent certainement la retouche des textes de base de l’UFR, il appartiendrait à celle-ci de renforcer sa diplomatie en faisant appel à des compétences de la diaspora. Les dernières activités du tout nouveau représentant de l’UFR en Allemagne relayées par la blogosphère tchadienne ont prouvé qu’il y a des jeunes camarades pleins d’énergie, de sens de contact et de courage pour porter haut et faire entendre la cause nationale que défend l’opposition armée. L’UFR devrait concevoir une diplomatie forte, attractive, convaincante et préventive.
Et cette diplomatie doit se reposer sur les épaules de ceux qui peuvent la supporter ; c’est pourquoi, au-delà de la mission effectuée en septembre dernier à Genève, la diplomatie de l’opposition devrait aller en conquête vers d’autres partenaires , d’autres institutions et organisations internationales pour plaider la cause de la lutte armée née dans le contexte de destruction du Tchad par un système de gouvernance impopulaire , anti- démocratique, violeur des droits humains mais soutenu par une Elysée défenderesse des criminels de guerre, mafieuse, responsable direct ou indirect des souffrances du peuple Tchadien meurtri.
Concernant les stratégies de guerre, l’UFR doit sortir de sentiers battus et imprimer ses marques. Depuis 2006, les attaques contre les forces dictatoriales suivent une même logique : Celle de mener à partir de la base un raid sur N’djamena. Cette stratégie de guerre d’incursion a montré ses limites.
Aujourd’hui, avec près d’une quinzaine de milliers des combattants basés sur la longue frontière orientale, il serait nécessaire pour l’UFR d’engager la guerre de positionnement en occupant selon la proximité de ses positions les départements importants notamment la capitale historique du Ouaddaï avant de poursuivre sa marche victorieuse suivant la méthode classique de poste après poste, localité après localité jusqu’aux bords du Chari. Cela est dans l’intérêt de l’opposition au moment où les deux Etats voisins ennemis se rapprochent et posent comme condition première la cessation de tout soutien aux rebellions interposées.
Les prochains combats devraient aussi se passer sur le terrain médiatique. L’opposition armée fait face à des puissants supports médiatiques qui incarnent la politique ‘’françafricaine’’. Ces mass- médias ont une large audience dans l’opinion tchadienne et se sont lamentablement démarqués pendant l’offensive ratée de mai dernier par la partialité et la subjectivité dans le traitement de l’information ainsi que par le non respect des règles élémentaires de la déontologie universelle des métiers de presse et de l’éthique professionnelle. La RFI, la Jeune Afrique et leurs autres consœurs plus préoccupées par l’odeur des pétrodollars, se sont empressées pour se mettre au service du dictateur de N’djamena, devenant de ce fait des propagandistes qui confondent journalisme et prostitution. Devant cette armada médiatique, le salut de l’UFR est venu de l’impeccable travail effectué, dans des conditions difficiles, par la blogosphère tchadienne qui mériterait un hommage hautement patriotique.
L’UFR devrait encourager et travailler d’une part,avec les responsables de ces blogs et d’autre part privilégier aussi ses relations avec certains mass médias neutres, plus professionnels couvrant un grand public et dépassant parfois les médias occidentaux : Aljazeera par exemple.
Il appartiendrait donc à la délégation de la communication de définir une nouvelle stratégie qui puisse soigner et vendre l’image de l’opposition armée mise à rude épreuve par des campagnes de dénigrement qui ont pour thèmes des propos orduriers comme « mercenaires à la solde du Soudan » que se délectent souvent le sanguinaire Deby et sa poubelle de presse. La réplique devrait en principe consister à prouver que l’immense amour du pays et le profond respect du peuple qui caractérisent les résistants, ne leur permettent jamais de se mettre au service de qui que soit pour vassaliser leur chère république.
Les prochaines assises du CSR seront décisives. Elles consacreront la fin des factions rebelles et imposeront enfin la fusion donc l’unité. Une unité profonde autours des valeurs nobles de l’amour du pays et des sacrifices pour le pays. Désormais tous les combattants dépendront d’une même direction politique et militaire. Il n’y aura pas de place pour les vendeurs d’illusion qui profitent de la division de l’opposition . L’unité devait s’affirmer depuis bien logtemps si chacun aurait gardé un brin d’amour pour la partie.
Pour conclure, cette petite phrase du panafricaniste Dr Kwame Kruma, ancien président du Ghana, prononcée en 1963 lors de la naissance de l’OUA restera toujours d’actualité dans le contexte où la question de l’unité demeure posée: « Nous devons nous unir ou périr ! »
Sur les hauteurs de Hadjar Marfaïne, les participants du CSR auront à chanter ensemble la ‘’Tchadienne’’. Ils ne manqueront pas de se souvenir avec admiration de la beauté naturelle de Tchellou Bint Adiguer qui, d’outre-tombe, ne cessera de vibrer, de sa merveilleuse voix , des yous yous lorsqu’enfin les enfants du Tchad réconciliés et unis par le même sort auront réussi à bouter hors des bords du fleuve Chari l’un des plus exécrables régimes dictatoriaux du temps contemporain.
AHMAT YACOUB ADAM
Combattant de l’UFR