La tension reste perceptible à Ndjaména et dans les autres villes du Tchad d'après plusieurs personnes jointes au téléphone.
Dans les régions, la répression a été plus qu'énergique. L'absence des représentations diplomatiques, des Ong et de la presse indépendante explique cette répression quasi aveugle des manifestants. Le bilan serait très lourd. Des blessés ont abandonné les lits d'hôpitaux quand des militaires s'y sont introduits pour filtrer les malades.
A Ndjaména, l'atmosphère reste très lourde. Policiers, Gendarmes, Gardes Présidentielles et Agents de l'ANS sillonnent sans relâche les ruelles de la capitale et se montrent de plus en plus nerveux et menaçants. Malgré tout, les populations affichent une mine de "Y en a marre !" et ne reculent pas, elles campent sur leur position et comptent franchir d'autres seuils dans les jours à venir.
Si le ministre de l'Intérieur et celui de l'enseignement haussent le ton et menacent, Idriss Deby quant à lui négocie et cherche à se dédouaner de la situation apocalyptique qu'il a contribué à créér durant ses 21 ans de pouvoir calamiteux. Il a reçu en audience ce vendredi matin les deux centrales syndicales UST et CLTT. Outre les revendications des travailleurs pour une qualité de vie décente, les syndicalistes ont informé le Président de la République que les salaires du mois d'octobre ne sont pas encore payés. Pour la première fois en 21 ans de Tyrannie, des doléances claires et des mises en demeure à peine voilées ont été portées à l'oreille d'Idriss Deby. Le webmaster du site de la présidence en a tellement pris plein les oreilles qu'il a dupliqué l'article sur l'audience avec les syndicalistes. Ca traduit l'état d'esprit qui y prévaut chez les Deby...
Les fidèles musulmans ont eu la surprise de leur vie en ce jour de vendredi saint. En effet, dans certaines mosquées de Ndjaména, les Imams ont, pendant leur prêche, condamné les manifestations des jours précédents, les qualifiants même de haram. Ces imams politiciens à solde du régime MPS feraient mieux de la boucler.
A Moussoro, Idriss Deby a distribué beaucoup d'argent alors qu'entre temps les fonctionnaires passent la fête de l'Aïd el Kébir sans leur salaire du mois d'octobre 2011. Une pratique humiliante pour les dignes fils de Moussoro dont certains d'entre eux se sont comportés comme des vieilles prostituées.
Terminons avec ces déflatés de l'armée, en réalité ce sont des ex-rebelles jugés moins sur par les instructeurs de l'ANT et les agents de l'ANS qui ont pris le temps d'établir des fiches individuelles pour chaque soldat. Ils sont près de 600 hommes libérés à qui Deby a remis de sa propre main une somme de 150.000 F Cfa et un Djallabié à porter séance tenante car la tenue de combat est aussitôt récupérée et brûlée. Il se trouve que pour certain grand gabarit, le Djallabié est soit trop court, soit trop étroit. Imaginez la scène ! En sus de cette humiliation inutile, Idriss Deby, en remttant la modique somme au soldat, lui précise : "le Tchad n'a plus besoin de toi". Décidement, pour Idriss Deby et le MPS, c'est bientôt la fin.
La Rédaction