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   Depuis quelques mois, le pays du Président Abdoulaye Wade vacille dans le clair obscur. Aux problèmes quotidiens des populations qui supportent impuissantes l’envolée des prix des denrées de première nécessité, se greffent désormais les coupures intempestives du courant électrique, la candidature considérée anticonstitutionnelle du Président Abdoulaye Wade pour un 3ème mandat (élection prévue dans moins de 5 mois), les scandales politico-financiers récurrents et enfin l’insécurité galopante aussi bien à Dakar que dans la partie septentrionale du pays où sévit une rébellion armée vieille de 30 ans, celle du MFDC.

La situation politico-sociale actuelle du Sénégal ressemble à plusieurs égards à celle du
royaume des Itnos, autrefois reconnu par la communauté internationale sous la désignation de la République du Tchad. En effet, même si comparaison n’est pas raison, nous constatons une grande similitude entre le calvaire actuel vécu par les populations sénégalaises et celui de leurs sœurs tchadiennes depuis une vingtaine d’années. Ce calvairese résume à ceci :

- Coupure intempestive du courant électrique mettant en mal toute l’activité économique du pays ;


- Inflation vertigineuse des prix des denrées de première nécessité plongeant les familles dans un marasme financier sans précédent ;


- Scandales politico-financiers récurrents exposant sur la place publique la mal gouvernance et la cupidité des tenants du pouvoir;

- Modification répétée de la Constitution (qualifiée de cahier de brouillon) et doute sur la transparence dans l’organisation des prochaines joutes électorales installant le pays dans une instabilité politique et sécuritaire sans précédent.


Vous convenez que pour le Tchad, la liste peut être allongée à l’infini car les maux qui minent le pays des SAO ces 20 dernières années sont effarants et tout citoyen Tchadien capable d’un petit discernement doit s’inquiéter du lègue désastreux que ce régime MPS et ses complices projettent pour notre pays.


Aussi nous n’avons pas l’intention de développer tout ce qui est annoncé dans notre introduction. Cependant, nous estimons que la seule crise énergétique suffit de tout résumer. L’énergie est sans conteste le moteur du développement. Elle touche tous les secteurs économiques aussi bien de la production que des services et des ménages. Une véritable équation à plusieurs inconnues que tout Etat soucieux de son développement doit retrousser les manches, mobiliser toutes ses ressources et compétences afin de trouver une solution durable. Point de place donc aux stratégies provisoires. Car la croissance de nos villes, la démographie galopante, entraine inconditionnellement une demande encore plus accrue en assainissement et fourniture d’électricité.


Sur ce chapitre particulièrement brulant, le gouvernement d’Abdoulaye Wade ne sait à quel saint se vouer. Le changement continuel à la tête du ministère de l’Energie n’a pas permis de règler le problème. Le fils Wade étiqueté à juste titre par ces compatriotes comme étant le Ministre du ciel et de la terre (il gère 4 ministères dont celui du Transport aérien, des Infrastructures, de l’Energie et de la Coopération internationale) n’a pu apporter le changement tant attendu. On peut dire que la situation s’est même empirée car les explications, les plans de sortie de crise et les promesses se sont multipliés sans que la moindre amélioration n’ait été constatée et ce malgré les milliards engagés.

Les populations, à bout du souffle, descendent presque chaque nuit dans les rues pour exprimer leur désarroi. Plus question de porter ou d’agiter le brassard rouge comme leur recommandait Me Abdoulaye Wade. La révolte menée par les jeunes et soutenue par leurs parents est toute aussi originale : elle ne consiste plus à saccager les édifices publics, les transports en commun ou les biens des pauvres citoyens innocents, les jeunes allument des pneus déjà aspergés d'essence au milieu de la chaussée et disparaissent en moins d’une minute. La brigade anti-émeute qui sillonne les rues à bord des Toyota Land-cruiser (l’image renvoie un peu à la GR de Deby) ne peut que constater impuissante les dégâts. Bonjour les embouteillages.


Dire qu’au Tchad la même situation perdure depuis 20 ans déjà, c’est tout simplement incroyable. Que personne n’ose bouger le petit doigt et dénoncer ce manquement grave de l’Etat est encore plus scandaleux. Ça devient paralysant quand on constate que rien n’est fait pour améliorer cette situation désastreuse dans laquelle est noyée toute une population de plus 11 millions d’âmes. Comment des partis politiques régulièrement constitués peuvent se dérober de la sorte en appelant les populations meurtries et affamées à une manifestation à huis clos appelée « concert de casseroles ». Au Tchad actuel, on ne peut ni utiliser le courant électrique, ni le gaz et encore moins le charbon de bois rien que pour manger à sa faim. Je ne parle pas de l'eau pour se laver correctement et un ventilateur ou climatiseur pour dormir profondement.

Ne me parlez pas s’il vous plait de la société civile, du conseil économique et social, des partenaires étrangers du Tchad. Ce sont tous des valets du système Deby. Mais j’interpelle la jeunesse tchadienne qui se dit lasse de la guerre cyclique qui déchire leur depuis plusieurs décennies et qui aspire à un changement réel et profond au Tchad. Cette jeunesse dont une infime partie peut poursuivre des études supérieures à l’étranger et donc peut avoir une petite appréciation de ce qu’un Etat et comment doit-il fonctionner, celle-là même qui use et abuse des technologies de l’information et de la communication (email, Facebook, sites et blogs Internet, Skype, etc.) mais qui curieusement reste passive voire inerte et se ronge dans des commentaires sataniques, version électronique des absurdes et futiles débats qu’on entend dans les maisons, lors des sorties (gaada) et sous les murs des ruelles de Ndjaména et d’ailleurs. On se plait à ces occasions à cogiter sur les nominations des jeunes poussins des Itno qui sautillent d’une Direction à une autre, multiplient les villas, les femmes et maîtresses, les voitures de luxe, les voyages, les comptes bancaires, ne se privent pas d’humilier, de bastonner, d’enlever, de violer, de faire disparaître et enfin d’assassiner. Ces gens ne se rendent même pas compte que le reste du pays sombre, que le peuple déprime et frôle quotidiennement le suicide collectif. Mais ça, c’est le cadet des soucis des Itnos et de leurs sujets, pourvu qu’il ne manque ni à manger, ni à boire, que le climatiseur ronronne 24h/24 aussi bien à Farcha qu’à Amdjaras. Restons dans cette posture, mais le réveil sera un jour brutal...


Mahamat Issa
Dakar - Sénégal

Tag(s) : #Ambénatna
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