N'DJAMENA - La rébellion du JEM, active dans le Darfour (ouest soudanais), a renoncé à sa revendication concernant le report des élections d'avril au Soudan lors de discussions avec des délégués de Khartoum en cours à huis clos au Tchad, ont indiqué jeudi des sources tchadiennes.
Le JEM (Mouvement pour la justice et l'égalité) et le gouvernement soudanais sont en pourparlers depuis trois jours à N'Djamena sous l'égide du président tchadien Idriss Deby Itno, dans le cadre de la mise en oeuvre de leur accord de Doha, a affirmé à l'AFP un haut responsable tchadien sous couvert d'anonymat.
La même information a été rapportée jeudi par l'unique quotidien tchadien, Le Progrès, proche du pouvoir. "Il est question de mettre en oeuvre l'accord (de Doha), mais le JEM a posé comme condition le report des élections au Soudan (prévues du 11 au 13 avril) et sa légalisation comme parti politique", a déclaré le haut responsable tchadien proche des pourparlers.
"Il y a eu blocus, le président Deby en personne est en train de jouer la médiation entre les deux parties. Finalement, le JEM a décidé de renoncer à cette exigence mais a posé d'autres conditions sur lesquelles les deux parties sont en train de faire des amendements", a-t-il ajouté.
Le mouvement "ne réclame plus le report des élections comme il l'a exigé au début des discussions" mais "porterait finalement ses réclamations sur d'autres questions à résoudre pendant une transition de deux années", a écrit de son côté Le Progrès.
Il "voudrait conserver ses forces intactes jusqu'à la fin de cette période. Il proposerait que soit réalisé, pendant ce temps, le retour des réfugiés au Soudan ainsi que leur dédommagement" de même que la création "d'un fonds pour la réhabilitation du Darfour", a rapporté le Journal.
Le JEM et Khartoum ont signé en février à Doha (Qatar) un cessez-le-feu doublé d'un accord préliminaire devant mener à une paix définitive à la date du 15 mars. Mais ce délai est passé sans la signature d'un tel accord.
L'accord préliminaire prévoit la transformation du mouvement rebelle en parti politique. Or, la période d'enregistrement des partis et des candidats est terminée ce qui implique que le JEM ne pourra participer aux élections d'avril.
Le 11 mars, le porte-parole officiel du groupe rebelle, Ahmed Hussein, avait indiqué à l'AFP à Khartoum que le report des scrutins était "crucial à l'engagement du JEM au processus politique" de Doha, sans toutefois en faire une condition à la signature d'une paix définitive.
Le Darfour est en proie depuis 2003 à un conflit opposant des mouvements armés à l'armée soudanaise appuyée par des milices locales. La guerre a causé 300.000 morts selon les estimations de l'ONU, 10.000 d'après Khartoum, et 2,7 millions de déplacés.
Source : Afp