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AhmatHaggar.jpgPhénomène naturel, banal et quotidien, la mort, chaque fois qu’elle frappe un être proche, nous prend toujours au dépourvu et nous plonge dans une grande perplexité.

Quand, de surcroît, la personne sur laquelle elle jette son dévolu se trouve être un jeune cadre, patriote, animé par l’amour de la patrie et par l’engagement militant qui en est le corollaire, cette mort nous paraît absurde, contre-nature et totalement injuste.


Abasourdis par l’annonce de la disparition brutale de notre jeune compagnon AHMAT ABAKAR HAGGAR, survenue le samedi 13 novembre, à Londres, notre première pensée va tout naturellement à son épouse Am-Nassour, priant le Tout-puissant de lui insuffler la patience et la force spirituelle, en cette terrible épreuve ; ainsi qu’à ses parents, collègues et amis.


Né en 1973, à Iriba, il y fréquenta l’école primaire. Il poursuivit ses études secondaires à Abéché ; puis Ndjamena au CEG N°1 où il passa son bac, en 1992. L’année suivante, il arriva à Alger pour des études d’ingénieur en informatique qu’il acheva en 1999. Très engagé politiquement déjà dans le milieu estudiantin en Algérie et repéré par les agents du régime, Il choisit le chemin de l’exil. Surtout que certains de ses proches et amis, rentrés au pays, ont été victimes de la répression qui s’était abattue dans sa région d’origine, après l’assassinat de feu le colonel Abbas KOTY. Après un bref passage en France, il finit par obtenir l’asile politique en Grande-Bretagne et commença à se stabiliser. Il venait de se marier et son premier enfant, n’a que quelques mois. Nous pensons à ce tout petit garçon déjà orphelin et, en même temps, aux nombreux, trop nombreux, enfants tchadiens qui ont perdu leur père ou leur mère, juste après leur naissance, certains même avant leur naissance.

AHMAT ABAKAR HAGGAR fut notre compagnon de lutte dans le cadre de la Représentation de l’Union des Forces de la Résistance en Europe, en tant que responsable pour la Grande-Bretagne.

Malgré les difficultés matérielles inhérentes à la vie d’un refugié politique, jeune père de famille et handicapé par une sévère hépatite qui finit par l’emporter, il fit montre d’une détermination politique, d’une fidélité aux principes et d'une abnégation militante, peu courantes à notre époque.

Au premier contact, il frappait tout de suite l’interlocuteur par l’extrême simplicité de ses manières, la sobriété de son expression et la rigueur et l’indépendance de sa réflexion.

Quand les contradictions au sein de l’UFR ont commencé à devenir totalement indigestes, aboutissant à la confusion totale que l’on sait, il avait gardé une attitude objective, ne prenant aucun parti dans les querelles des chefs qui nous furent fatales et exprimant sur les uns et les autres des appréciations lucides et détachées de toute passion ; tout en gardant une foi inébranlable quant au redressement organisationnel de la Résistance et l’avènement d’un Tchad juste, pacifique, uni et prospère.


En ce tournant critique de l’histoire de notre pays, où la question se pose avec une brûlante acuité, pour tous les Tchadiens et les amis du Tchad, de savoir si toutes ces luttes et tous ces sacrifices vont tomber comme des feuilles mortes dans le panier du pouvoir, ou au contraire, vont servir de leçon pour une réorganisation de la Résistance sur des bases nouvelles, plus saines et plus solides, l’engagement et le sacrifice de jeunes militants patriotes comme AHMAT ABAKAR HAGGAR, doivent nous servir de levier moral ainsi qu’une source permanente d’inspiration, selon la phrase du martyr camerounais Ernest OUANDIÉ: « le sang des patriotes est une semence de patriotisme ».

AHMAT, notre frère, notre camarade, nous ne t’oublierons jamais. Repose en paix

Signataires : Annette LAOKOLÉ, Youssouf HAMID et Acheikh IBN-OUMAR

Tag(s) : #Ambénatna
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