Ceux qui ont suivi l'émission à la Télé-Tchad sur les 21 ans de la conférence nationale de 1993, ont certainement mesuré à quel point la classe politique de notre pays est en déclin. Même si les deux invités du jour à savoir Messieurs Abderamane Koulamalla et le Dr. Fidèle Moungar ne représentent pas toute cette classe politique, il n'en demeure pas moins qu'ils constituent un échantillon intéressant.
Abderahmane Khoulamalla :
"Aujourd'hui, nous avons l'or, l'argent, la liberté et la justice".
Abderahmane Koulamalla, homme politique, chef d'un parti (UDT) sans réelle activité avec un seul Député à l'Assemblée nationale, éphémère ministre de transports (à peine 2 mois), porte-parole unique de la rébellion UFR de Monsieur Timane Erdimi, il a rallié la dictature le 7 juin 2010 mais est toujours sans emploi malgré le lobbying tous azimuts et les appels de pied incessants. Nombreux sont ceux qui broient le noir depuis leur allégeance au roi fainéant Idriss Deby Itno qui avait juré de ne donner du travail à tous les "mercenaires" qui ont regagné la patrie après février 2008. Autant dire que sur le plateau de la Télé-Tchad, il représentait la politique du ventre dans toute sa splendeur. Mieux, son égocentrisme ahurissant a surpris en premier son interlocuteur du jour qu'il prenait en plus comme témoin de ses balivernes. Abderahmane consent qu’avec Idriss Deby nous avons aujourd’hui l’argent, l’or, la liberté et la justice. De la justice justement, Abderahmane rappelle que beaucoup de compagnons de Deby se sont sacrifiés pour cela et il faudra que Deby s’investisse personnellement pour réussir son avènement à la tête de l’Etat tchadien et inscrire définitivement son nom dans l’histoire de notre pays. C’est à peine croyable !
Dr. Fidel Moungar : "Aujourd'hui, nous n'avons ni l'or, ni l'argent et pour la liberté,
tous les tchadiens ne sont pas égaux, il y a une classe d'intouchables, j'ai honte pour mon pays...".
Dr Fidel Moungar est aussi un homme politique avec un bagage intellectuel plus important et une notoriété qui ne prête pas au griotisme. Ephémère Premier ministre en 1993 (8 mois), il a vite abandonné le champ politique national pour se réfugier en France où son parti, inscrit dans le registre de l'opposition politique en exil, s'est illustré de piètre manière avec cette querelle autour du nom ACTUS. A Paris, le contact avec la dictature de Ndjaména n'a jamais été réellement rompu. Moungar reviendra en 2011 pour participer à l'élection présidentielle mais le pouvoir l'en empêcha. L'amertume passée, le revoilà de retour au pays natal. Son discours sur le régime est mesuré, il ménage le Tyran. L'argent du pétrole donne le vertige et beaucoup ont déjà trébuché. Toutefois, Fidel restera fidèle à la réalité du pays telle que vivent les populations tchadiennes et qui ne peut être présentée autrement à défaut de se passer pour un amuseur de galerie. L’impunité, l’injustice, les détournements, la discrimination, la crise scolaire, etc. est une honte et il a honte pour son pays a-t-il dit.
Les jeunes qui subissent de plein fouet les effets de la gestion catastrophique du régime Deby doivent être terriblement déçus de ne rien apprendre dans ces discours alambiqués de ces deux témoins de la conférence nationale.