Quatre cents cas de viols ont été dénombrés au Sénégal entre septembre 2006 et décembre 2007. Et la plus jeune des violées est âgée de seulement 3 ans. Parmi ces cas de viol recensés, les cas d’inceste occupent 10 %. Tous ces chiffres cités par le vice-président de l’Assemblée nationale et président de l’Ong Jamra sont tirés d’une étude menée par le Groupe de recherche et d’actions contre les violences faites aux enfants.
L’inceste est-il devenu une banalité dans les mœurs sénégalaises ?
C’est en tout cas le sentiment du vice-président de l’Assemblée nationale et président de l’Ong Jamra, Abdou Latif Guèye. S’exprimant lors des Journées convergence de l’Alliance nationale de lutte contre le sida, tenues à l’Enam, Abdou Latif Guèye s’est dit choqué par ce qui se passe au Sénégal.
En effet, révèle le député, 400 cas de viols ont été dénombrés au Sénégal entre septembre 2006 et décembre 2007. Et la plus jeune des violées est âgée de seulement 3 ans. Parmi ces cas de viol recensés, les cas d’inceste occupent 10 % avec 40 cas. Tous ces chiffres cités par le vice-président de l’Assemblée nationale et président de l’Ong Jamra sont tirés d’une étude menée par le Groupe de recherche et d’actions contre les violences faites aux enfants, créé par des éléments de la société civile et dirigé par notre confrère Adama Sow. Dans cette étude, on découvre surtout que les cas d’inceste sont devenus récurrents au Sénégal. Cas de cette jeune fille de la banlieue dakaroise qui a été tellement abusée par son père qu’elle a fini par se mettre de l’acide dans son sexe pour ne plus avoir à subir en silence les assauts répétés de son géniteur. Et Abdou Latif Guèye de s’offusquer : ‘Personne ne lève le plus petit doigt face à ces tragédies que ces enfants vivent au quotidien pour la plupart d’entre eux.’
C’est pour prendre en charge ces drames qu’un Réseau parlementaire de protection contre les violences et les abus faits aux enfants a été créé mardi dernier. Autant, ses initiateurs se préoccupent de la prise en charge psychologique et sociale de ces enfants dont la vie pourrait être brisée à jamais, autant, ils projettent de faire en sorte que l’impunité ne soit plus de mise, en engageant notamment des poursuite en justice et en faisant en sorte de la législation dans ce domaine soit renforcée. Ce réseau est présidé par le député Oumar Ndoye qui est un psychiatre de profession et sa vice-présidence est assurée par Latif Guéye et Ndèye Guèye Cissé. Et les membres du Groupe de recherche et d’actions contre les violences faites aux enfants en constituent les experts consultants.
Mais il n’y a pas que les cas de viols qui préoccupent Abdou Latif Guèye et les membres du Réseau parlementaire de protection contre les violences et les abus faits aux enfants. Parce que l’étude menée par le Groupe de recherche et d’actions contre les violences faites aux enfants a recensé 12 700 adolescents de 8 à 27 ans en contact régulier avec des sites pédophiles et qui sont sexuellement actifs.
Autant de faits qui ont amené hier le député Abdou Latif Guèye, lors des Journées convergence de l’Alliance nationale de lutte contre le Sida, à inviter les Sénégalais à se regarder en face. Il ne s’agit pas de verser dans ‘le tabou sénégalais’, dit-il, mais plutôt de parler de la question du sexe qui est une de nos réalités et d’y jeter un regard froid. ‘Le sexe, on en fait beaucoup, mais on en parle peu’, s’offusque le président de Jamra.
Le vice-président à l’Assemblée nationale a également plaidé pour un plus grand dynamisme afin que le Round 8 ‘ne puisse pas échapper à l’Ancs’. Etant lui-même membre fondateur de cette organisation de la société civile dans le cadre de la lutte contre la pandémie, Latif Guèye a appelé à une plus grande solidarité.
Se prononçant sur la loi portant sur le Vih, le député a plaidé pour que cette dernière soit établie et déposée sur la table de l’Assemblée nationale. A ce sujet, le secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), le Docteur Ibra Ndoye, invite à une plus grande prudence. ‘La loi sur le Vih connaît quelques problèmes’, dit-il. Parmi ceux-ci, la question de la transmission mère-enfant et la question du test prénuptial restent des points qui nécessitent un certain éclairage, notamment des religieux et autres, explique Ibra Ndoye.
Ces Journées de l’Ancs permettront de présenter les résultats de la mise en œuvre des interventions de la phase 2 du Round 1 du programme Fonds mondial. Lors de cette rencontre, l’opportunité sera donnée aux sous-récipiendaires de partager leurs expériences dans les composantes stratégiques qu’ils mettent en œuvre. Etant sous-récipiendaire principal du programme Fonds mondial, l’Alliance nationale de lutte contre le sida (Ancs) se prépare pour le Round 8. Ainsi, avec des sessions de formation dans l’élaboration de propositions, l’Ancs s’active pour ne pas rater le coche du Round 8.
Par Issa NIANG