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Le meilleurallié de la France au Mali, le président tchadien Idriss Déby, entretient-il des connexions avec la secte nigériane Boko Haram ? C’estcequecroit savoir M3F, un collectifd’opposantstchadiensinstallé en France. La présenced’Idriss Déby au Sommet de Paris sur la sécurité au Nigéria, après la prised’otage de 276 lycéennes par Boko Haram, a fait bondir ces tchadiens opposés au régime de N’Djamena. Dans ce mouvement politique, on retrouve le fils d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, l’opposant tchadien mystérieusement disparu en 2008. Ce collectif, particulièrement bien informé, affirme détenir des informations permettant de démontrer « le soutien ou tout du moins une indifférence bienveillante d’Idriss Déby à la secte islamiste.

Le financier de Boko Haram à N’Djamena ?

Que dit le M3F ? Selonces opposants, « les généraux nigérians ont sous-traité à Idriss Déby la logistique de Boko Haram dans son ascension, au début des années 2000". « Au commencement, Boko Haram a élu domicile à N’Djamena", affirme le M3F, « les réunions des membres de la secte se tenaientdans la capitaletchadienne et tous les financements étaient concentrés à N’Djamena". Au coeur du système, les opposants tchadiens, dénoncent le rôle trouble de l’ancien gouverneur nigérian de l’Etat du Borno, Senator Ali Sheriff (de son vrai nom Ali Modu Sheriff), que tout le monde appelle SAS. « L’ex-gouverneur était présent tous les weekends à N’Djamena » expliquent-ils. Depuis, les relations entre SAS et la secte se sont détériorées. « SAS s’est retrouvé traqué par ses anciens alliés de Boko Haram, et obligé de leur verser, sur les conseils d’Idriss Déby, plusieurs dizaines de millions de dollars afin de sauver sa vie. Cette manne aurait visiblement servi au renforcement de la capacité militaire de la secte » confie le M3F.

Le Tchad base arrière de Boko Haram ?

Un autrepersonnagevientjeter le trouble sur les possibles liens entre le président tchadien et Boko Haram. Il s’agit de l’anciencomandant de l’ex-Sélékacentrafricaine, Nourredine Adam. L’ancien commandant rebelle a toujoursétéprésentécomme « l’homme de main » du régime tchadien au Centrafrique. Nourredine Adam a dernièrementeffectué un voyage au Nigéria, « auprès de la secte » affirme M3F, « avant de se rendre à Amdjarass, le village natal du président tchadien« . Autreélémentavancé par les opposants du M3F : unevidéodiffusée par Boko Haram présentant deux véhicules blindés de type RAM-2000, de fabrication israélienne (voir photo). Or, selon M3F, « il s’avèreque la seulearmée de la sous-régiondisposant de telsvéhicules est l’arméenationaletchadienne« . Le collectifparleensuite d’un village camerounais du nom de Gong qui hébergerait un marchéd’armessurlequel « les Tchadiensvendent et les Nigériansachètent« . « Qui peutacheter des armes au Nigeria sicen’est Boko Haram ? » se demande M3F. Enfin, il y a quelquesmois le neveud’IdrissDéby, Abbas MahamatTolliaétébrutalementlimogé du gouvernement. Selon M3F, « on les avaitaccusés de financer Boko Haram« .

« L’émergence de Boko Haram se trouve au Tchad »

Pourquoi le régime tchadien soutiendrait Boko Haram ? Pour cesopposants, « c’est un secret de polichinelle : la luttecontrel’islamisme est devenueuneactivité qui permet à tout pouvoir en manque de démocratie, de détournerl’attention et d’être toléré sans contrepartie« . Et de poursuivre : « s’il est considéréque Boko Haram est unecréation des générauxnigériansnordistesayantéchouédansleur tentative de reprise du pouvoirpolitique au Nigeria, l’origine et l’émergence de ce mouvement se trouveêtre le Tchadd’Idriss Déby« .

« Cela ne prouverien » selonune source proche de N’Djamena

Quepenser de cesinformations ? Si nous n’avons pas puobteniruneréponseofficielle de N’Djamena, une source proche du régime tchadien n’est pas étonnée par l’apparition de cequ’ilqualifie de « rumeursvisant à nuire au président Déby« . Sur la personnalité trouble de SAS, accusé d’être le financier de Boko Haram et du régime d’Idriss Déby, notre source affirmeque SAS est maintenant recherché par Boko Haram, « preuvequ’il ne les finance pas et qu’ildoit les combattre« . Concernant les véhiculesexhibéspar la secte, qui seraientd’originestchadiennes, il pourrait ne pas s’agir de RAM-2000, maisd’autresvéhicules « que Boko Haram auraitpuvoler à l’armée nigériane ou à d’autres pays, cela ne prouverien » selonnotre source.

« Déstabiliser les pays limitrophes »

Qui croire ? Pour l’instant, difficiled’apporter des preuvesirréfutables d’un soutien d’Idriss Déby à Boko Haram. Pourtant, ce qui inquiète, c’estl’évidenteproximitéqu’entretiennent la plupart des régimes de la région (Tchadcompris) avec les groupesarmés des pays voisins. Ces régimes croientainsiqu’en « contrôlant » les rébellions de la région, ils se protègent de leurspropres oppositions. Idriss Déby a d’ailleursété accusé d’avoirsoutenu la rébellion de la Séléka en Centrafrique (via notammentNourredine Adam). C’estd’ailleurscequedénonce le collectif M3F : « Idriss Debyprend un malinplaisir à déstabiliser les pays limitrophes, tantôt pour se débarrasser d’un pouvoir hostile, tantôt pour faire main bassesursesrichesses« .

Double jeu tchadien ?

La France est actuellementengagéedans un double conflit : au Mali, avec l’aide de soldatstchadiens et en Centrafriqueoùl’ONUcherche encore des troupes pour composer sa mission de casques bleus. François Hollandes’estensuiteengagésur un nouveau front début mai, dans la luttecontre Boko Haram au Nigéria après l’émotionprovoquée par la prised’otages de lycéennes. Dansses « guerresafricaines« , François Hollandedoits’appuyersur des alliés, les plus puissantspossibles. Le Tchadconstitueaujourd’huiune carte maîtressedans le dispositifmilitairefrançais avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Difficiledonc de se passer de cepartenaireincontournablequ’estdevenu Idriss Déby. Mais attention aux « pompiers-pyromanes » semblent dire les opposantstchadiens du M3F. François Hollandedevrait se méfier de sesalliés, et notammentd’Idriss Déby. En Centrafrique, François Hollandel’atrèsvitecompris, lorsque les violencesontdébuté entre les anti-balakas et les ex-Séléka. Les milices de quartiers accusaient les soldatstchadiens, incorporés au sein de la Force africaine, de « couvrir » les exactions des ex-Séléka (musulmans commeeux). Déjà, le Tchadd’Idriss Déby était accusé de jouer double-jeu…

Christophe RIGAUD – Afrikarabia

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