Ndjaména est sens dessus dessous depuis que son Président analphabète s'est brutalement réveillé et a décidé de mener une guerre sans merci contre ses plus fidèles collaborateurs. On peut dire que la peur a véritablement changé de camp, elle campe depuis dans les foyers de ceux qui se considèrent il y a quelques jours encore comme des intouchables, insensibles du drame qui frappe le peuple tchadien depuis 22 ans. Inutile de vous dire que les commentaires vont bon train et des grands déballages se font aussi bien dans les bureaux que sur les places publiques. Il n'y a point de doute, les voleurs sont nombreux et se ramassent à coup de pèles, pas seulement au sein du clan Zaghawa au pouvoir, leurs alliés politiques et militaires mais aussi dans la société civile, les entreprises et les commerçants verreux et corrupteurs. Il paraît même que certains ont discrètement quitté le pays pour quelque temps.
A la présidence de la République, les noms des gros bonnets du régime sont listés et des liens avec des dossiers, parfois poussiéreux, établis. Ces derniers sont déjà convoqués et intérrogés ou le seront dans les jours à venir. Tout le monde se demande si Deby ira jusqu'au bout dans sa traque des bandits à col blanc qu'il a lui même fabriqué de toutes pièces, à son image d'ailleurs. Va t-il pousser le bouchon plus loin jusqu'à traîner à la barre son demi-frère Daoussa Deby, sa soeur Haïga, son frère Saley, son épouse Hinda qui, au vu et au su de tout le monde, focalisent l'essentiel des détournements des deniers publics au Tchad.
En attendant, il y a déjà de gros poissons dans le colimateur des contrôleurs d'Etat : l'ex Ministre des infrastructures et du Transport, Adoum Younousmi, son remplaçant Mahamat Abbas Tolli, l'actuel directeur de Cabinet du Président, Ahmat Bachir, Bichara doudoua, SGA de la Présidence. Il n'y a point lieu de s'indigner de ces interpelations car il ne fait l'ombre d'aucun doute que ces messieurs sont trempés jusqu'aux oreilles dans des malversations financières et autres faits repréhensibles dont des détournements massifs de fonds publics. Nous espèrons qu'ils soient jugés, condamnés, incarcérés et que les fortunes amassées illicitement soient restituées.
D'après les dernières informations, Mahamat Saleh Annadif déprime et ne supporte pas les conditions de sa détention prolongée. Les rares proches qui ont pu lui rendre visite dans sa cellule, ont trouvé un homme égaré, le moral au plus bas et qui ne comprend pas bien ce qui lui arrive aujourd'hui. Depuis vendredi 20 avril, Annadif aurait été hospitalisé à l'infirmerie de la présidence. Un problème de tension artérielle.
Quant aux autres, le club des caïds, il semble qu'ils opposeraient une résistance ferme aux récriminations des contrôleurs d'Etat. Quelle audace ! Le duo Younousmi - Tolli a carburé pendant des années aux seuls profits d'un clan et du Président. Un jour, en visite à Paris, Younousmi confie en privé à une connaissance : " cela me fait de la peine de voir le Président souffrir de problèmes de santé récurrents, si je pouvais, je le supporterais tous les jours sur mon dos...". C'est sans commentaire. Quant à Ahmat Bachir, le griot du régime, il mérite ni plus ni moins que la pendaison pour sa langue de vipère.