Plus de vingt ans après les évènements tragiques de 1989 qui les ont poussés à partir en exil au Sénégal, les réfugiés négro-mauritaniens, qui portent toujours les stigmates des nombreuses exactions qu’ils ont subies, ne décolèrent pas. Constitués en un collectif des associations représentant les réfugiés négro-mauritaniens, ils entendent poursuivre leur combat ‘jusqu’à ce que justice soit rendue. Le gouvernement de Maouya Sidy Ahmed Taya et ses alliés doivent être jugés’, souhaitent-ils. Par la voix de Samba Amadou Niasse et Abdoulaye Diop, respectivement président de l’Union internationale des réfugiés et responsable moral de Sos Réfugiés, ils ont porté à la connaissance de l’ensemble de leurs camarades réfugiés torturés, castrés, émasculés, violés qu’ils ont ‘choisi Me El Hadj Diouf pour porter plainte contre tous leurs tortionnaires’.
L’intime conviction de nos interlocuteurs c’est que ‘s’il est admis que Charles Taylor est arrêté, Hissène Habré poursuivi pour des violations des droits de l’homme, il est admissible qu’à l’heure actuelle, où il y a encore 65 mille réfugiés répartis dans 276 sites et qui sont là depuis 1989, après avoir été torturés et spoliés de tous leurs biens, qu’ils portent plainte contre leurs tortionnaires actuellement en service’. S’adressant à la presse, à Saint-Louis, les représentants des réfugiés négro-mauritaniens n’ont pas manqué de clouer au pilori ‘l’attitude équivoque et incompréhensible de certaines Ong comme la Raddho qui n’ont pas jugé nécessaire de voler à (leur) secours’.
Ces réfugiés précisent qu’’on ne doit pas faire table rase de ce problème d’autant plus il y a eu, en 1989, 400 mille expulsés négro-africains. Dans ce lot, on dénombre 67 mille réfugiés négro-mauritaniens qui n’ont commis aucun crime si ce n’est celui d’être noir, et qui continuent de croupir au niveau de 276 sites tout en voyant l’éducation de leurs enfants compromise et en ne prenant part à aucune activité socio-économique. Bien sûr, on nous demande de pardonner mais, un tondu pardonne plus facilement qu’un castré’, martèlent-ils, visiblement décidés à faire la fête à leurs tortionnaires.
Source : walfadjri