La force internationale qui a la lourde mission de libérer le grand nord malien de l’emprise du terrorisme islamique se met en place tant bien que mal. A Bamako, la logistique fait cruellement défaut pour accueillir et installer les forces françaises et africaines. Il manque véritablement de tout (même de l'eau potable !) et cela ne fait que commencer car à l’heure actuelle, 80% des forces africaines annoncées ne sont pas encore sur place plus d’une semaine après l’arrivée des premiers soldats français.
En effet, les forces ouest-africaines débarquent à compte goutte et semblent peu pressées. Certains pays comme le Benin, le Burkina Faso ou le Sénégal rencontrent d’énormes difficultés pour mobiliser l'effectif promis. Dans ces pays, les soldats étaient plutôt habitués à intervenir dans des missions des Nations Unies pour le maintien de la paix où les risques d’y laisser sa peau sont très faibles et les rémunérations alléchantes. Le plus souvent aussi, le commandement leur échoit, ce qui leur permet de contrôler l’opération et bénéficier d’importants avantages. C'est une promotion pour les soldats retenus pour les missions de l'UN. En clair, on y va pour se faire une santé financière et non pour y laisser sa peau.
L’opération du Mali est manifestement bien différente et plus sérieuse. Le calendrier d’intervention fixé par la résolution de l’ONU a été complètement chamboulé par l’attaque de la localité de Konna par les Djihadistes, contraignant la France à entrer en guerre. Du coup, certains pays africains qui avaient déclaré quelques semaines plus tôt qu’ils n’interviendraient pas militairement au Mali se voient aujourd’hui presque forcés de le faire sous l’injonction sans appel de la métropole.
Une guerre qui a commencé avec des hélicoptères et se poursuit par bombardements des Mirages français stationnés à Ndjaména. Il se précise que les dégâts collatéraux de ces frappes aériennes ont causé des pertes importantes en vie humaine parmi les populations civiles maliennes. Le ministère français de la défense communique peu sur ce volet de la guerre mais s’empresse de souligner que les cibles sont bien choisies et atteintes pour la plupart. Regardez ailleurs ! Cette information est soigneusement tue par les médias occidentaux et leurs relais africains. Exactement comme en Libye où plus de 6.000 sorties aériennes ont été effectuées, autant de bombes larguées, sans compter les missiles lancés à partir des bateaux mais en définitif aucune image n'est disponible sur leurs impacts, tout est filtré et minutieusement censuré. Contrairement aux bombardements en Syrie où les images les plus insoutenables sont diffusées en boucle. Les mêmes médias français refusent que le corps sans vie de l'otage français tué en Somalie soit montré, celui des otages d'In Amenas aussi alors qu'ils ont largement diffusé le corps nu et ensanglanté de Khadafi pendant des jours... Nous refusons d'emboucher les mêmes trompettes et disons non à cette liberté d'informer sur mesure et surtout de servir d'écho pour une certaine presse occidentale hypocrite et foncièrement raciste.
Avant même que la totalité des contingents africains n’arrivent à Bamako, sans qu’une organisation ne soit mise en place et qu'un plan militaire commun préparé, on annonce déjà que l’armée malienne soutenue par les forces françaises a commencé à libérer les positions avancées des Djihadistes. Sans surprise car il est établi que les localités de Konna, de Diabali et même de Gao se vident progressivement de leurs maîtres. Ceci explique pourquoi la reconquête se déroule sans combat !
Vraisemblablement, les combattants djihadistes auraient décidé de se replier en profondeur et regagner leur sanctuaire où entre le désert chaud et froid, les vents de sable et les montagnes inaccesibles, les forces françafricaines devraient venir les cueillir. C’est du déjà vu, en Afghanistan et nous connaissons la suite. Sans oublier les opérations types In Amenas, Arlit, etc. La guerre du nord Mali aura-t-elle lieu ?
Quid des forces envoyées par Idriss Deby qui seraient déjà pré-positionnées à la frontière entre le Niger et le Mali ? Cette intervention reste très discutable voire désapprouvée par la majorité du peuple tchadien. Le Tchad s’invite dans ce conflit sans qu’aucune entité ne l’ait convié. Ni la France, ni la CEDEAO et même pas le Mali. Le président tchadien, publiquement zappé par son homologue français, n’a cessé pourtant de multiplier les appels de pieds indécents. Certains pays de la zone CEDEAO qui ne supporteraient pas la pression de leurs populations face à un éventuel défilement de cercueils de leurs soldats, poussent Deby à faire le sale boulot. C’est ainsi qu’on entend de plus en plus aboyer des leaders de ces pays vanter le mérite de l’armée tchadienne et de son chef Deby. La vie d'un soldat tchadien a finalement quelle valeur ?
Point de clameur non plus des leaders de l'opposition tchadienne qui ont condamné l'intervention des soldats tchadiens en Centrafrique pour secourir le Président Bozizé. Idriss Deby est passé outre mandat de l'Assemblée nationale mais la différence avec l'opération en RCA, ici la France est en première ligne.
La rédaction d'Ambenatna