En un mot comme en cent : l'obligation de violer la loi sénégalaise.

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nterdits, par la loi sénégalaise, depuis 1960 d’enregistrer et de filmer en direct un procès, les journalistes verront, tout à coup, levée cette interdiction au motif que le jugement de Hissene Habré, ancien président de la République du Tchad, se tient au Sénégal et que "les Tchadiens ont droit à l’information" (sic) sur le déroulement de ce procès. A procès spécial mesures spéciales, même si ces dernières violent la loi sénégalaise ou contraignent le Sénégal à violer sa propre loi interdisant de filmer, enregistrer, photographier, en direct ou un différé, l’audience d’un tribunal.

Certes, le procès Habré est spécial, mais en quoi l’est-il plus que celui de Me Abdoulaye Wade devant la Cour de sûreté de l’Etat en 1988 ? En quoi le droit à l’information des Tchadiens en 2014 est-il supérieur à celui des Sénégalais depuis 1960 ? Ce sont les journalistes sénégalais, en premier, surtout les chroniqueurs judiciaires, qui doivent se soulever contre cette novation ! C’est les mépriser que d’autoriser pour le procès Habré ce qui a toujours été interdit pour tous les procès – et des spéciaux, il y en a eu – qui se sont tenus dans les prétoires sénégalais. Le Conseil pour l’observation des règles et de déontologie (Cored) réanimé et le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) devraient faire entendre leurs positions sur cette affaire frustrante pour les journalistes sénégalais.

Si des cameramen de la Rts refusent de filmer ce procès au nom des raisons que nous avons exposées plus haut, va-t-on les sanctionner ? Question au Synpics. Au Cored aussi. Ou alors, les chambres africaines extraordinaires vont-elles payer des producteurs et diffuseurs privés pour faire ce boulot que, au nom de l’éthique et de la déontologie, devraient rechigner des professionnels de l’information travaillant dans des chaînes de radio et de télévision publiques et privées ? Il y a beaucoup à réfléchir avant que n’arrive cette première historique. La question n’est pas simple et mérite un débat profond et sérieux.

Source : mediavoce.net