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La classe politique tchadienne semblait retrouver ses élans militants et son ardeur patriotique dans les années 1990 avec le vent de la démocratie de La Baule, et surtout avec la promesse de « ni or ni argent, mais la démocratie » du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). Mais le recours aux ardeurs et méthodes de lutte politiques des partis uniques du passé a pris le dessus. Ainsi, les lendemains de ce rêve démocratique ont fait déchanter les opposants politiques tchadiens depuis 1996. Tout de même, l’animation politique démocratique existait encore dans le pays et au sein de l’opposition politique quand le président du PLD (Parti pour les Libertés et le Développement), Ibni Oumar Mahamat Saleh, était à la tête de la CPDC (Coordination des Partis politiques pour la Défense de la Constitution) afin de coordonner les accords d’aout 2007.

Ibni Oumar faisait comprendre au pouvoir, à l’opposition et aux Tchadiens que la vraie démocratie n’est pas une affaire de famille, de religion, région, tribu ou d’intérêts personnels. C’est avant tout une lutte de longue halène basée sur des convictions personnelles, des chocs d’idées,  et une vision politique qu’on a pour son peuple et son pays. Il s’est attiré les courroux du pouvoir et même de certains musulmans tchadiens proches de ce pouvoir. Sa mort-disparition-kidnapping suite aux événements de février 2008 qui devrait, une fois de plus, galvaniser l’opposition politique tchadienne pour exiger un vrai changement politique dans le pays à tourner simplement à une course vers la mangeoire.


Aujourd’hui, l’opposition tchadienne est « ibnitisée » parce que cette voix manque et les idéaux défendus par ce chef de parti sont relégués aux calendres grecques à cause du mangement et des mirages du développement au Tchad. En plus, Yorongar a perdu son ardeur politique suite aux mêmes événements. Notre Yoro national a tant souffert de cette mort-disparition. Il a tant pleuré, dénoncé et confirmé cette disparition que quiconque dans la classe politique tchadienne. Après sa grande gueule et ses sorties pour animer la politique tchadienne ainsi que la disparition de son collègue, le silence de Yoro n’est que d’or aujourd’hui. Par conséquent, la disparition d’Ibni Oumar, l’âge des opposants, le manque d’idées et de moyens clouent toute l’opposition politique tchadienne de l’intérieur au pilori des futures élections présidentielles de 2011.


La question qu’on doit se poser en ces périodes d’élections est: le développement de N’djamena va-t-il supplanter à l’envie de changement politique dont la majorité de Tchadiens chantaient à l’unisson il y a peu de temps encore? Doit-on aller simplement aux urnes en avril 2011 pour choisir entre le développement prôner par le MPS et Deby ou bien le changement politique pour faire avancer la démocratie tchadienne ? Car c’est impensable qu’à deux mois des échéances d’élections présidentielles d’avril 2011 au Tchad, aucune candidature ne soit officiellement annoncée, ni qu’aucun candidat de la différence n’émerge pour animer les Tchadiens en attendant le jour de l’événement. Comme quoi, le Rais tchadien prend toujours le devant et son parti (le MPS) vient de le déclarer candidat pour les présidentielles de 2011 le samedi 15 Janvier 2011. Entretemps, tous les potentiels candidats aux présidentielles appartenant à l’opposition politique tchadienne attendent que le seul et même président-sultan  sortant, Idriss Deby, les propose ou les annonce parallèlement comme ses potentiels concurrents. Voilà la pilule qu’on entend bientôt faire avaler le peuple tchadien vis-à-vis de ces élections.


Sinon, comment expliquer ce retard et cette léthargie dans l’animation politique dans le pays au moment tant attendu pour imposer le changement au régime en place. Alors, y a-t-il ici complicité, incapacité, bâclage ou dépassement de l’opposition politique tchadienne? Que l’opposition politique tchadienne s’explique au lieu de courir derrière l’application à la lettre du seul document d’accords d’aout 2007. Le Tchad est un pays qui regorge de bons textes législatifs et d’accords politiques qui ne demandent qu’à être respectés par tous les signataires pour alléger les peines des uns et des autres! Mais jamais et au grand jamais ces textes ne sont appliqués, suivis ou respectés par les parties prenantes ou initiateurs eux-mêmes. Alors, pourquoi les chefs de partis appartenant à la CPDC s’accrochent-ils becs et ongles aux accords d’aout 2007 pour sortir le pays de la misère politique? D’ailleurs, après les évènements de février 2008, la CPDC a elle-même foulé aux pieds ces textes en allant massivement à la soupe du Rais et du gouvernement MPS.


Par ailleurs, pourquoi aller même aux élections présidentielles au Tchad en 2011 quand les résultats et le vainqueur de ces élections sont connus d’avance, et par tous? Il y a un vide politique au sein de l’opposition qu’on se refuse à reconnaitre. Les Tchadiens se disent, et écrivent, qu’ils sont un peuple exceptionnel ! Tant mieux ! Cela a trait peut-être au répondant qu’ils ont à accepter l’inacceptable dans le domaine politico-social chez eux. Ils reconnaissent, tous, les maux et méfaits, ainsi que toutes les tragédies humaines que leur communauté politique occasionne dans le pays; mais tout cela ne les émeut aucunement pour renverser la vapeur. Cinquante ans de guerres et destructions du pays sans changement politique notoire. Voilà le bilan de l’exception tchadienne dans la lutte politique que je connais!


Le politologue Nigérian, Claude Aké, avait raison de dire que « Les Africains votent mais ils ne choisissent jamais leur président ». Par ricochet, on peut dire que les Tchadiens vont aux urnes depuis 1996, mais ils n’ont jamais choisi leur président. C’est dire que Deby s’est imposé à tout temps aux Tchadiens grâce à certains chefs militaires et de partis tchadiens ainsi que ses sponsors ou tètes à penser de l’extérieur. En fait, les rebellions de l’est, et surtout la marche sur N’djamena de février 2008, suite à laquelle le Porte Parole de la CPDC fut kidnappé et tué, ah oui, n’a pas servi de leçon à tous pour chercher la vraie réconciliation.


Nonobstant les injustices et crimes politiques au Tchad, il y a en fait des choses qu’on doit reconnaitre et mettre aux bons acquis d’Idriss Deby pendant les vingt ans passés. Par exemple, le président Idriss Deby semble être un bon chef de guerre, ou plutôt un grand déviateur de guerres au Tchad. Il a peut être évité au peuple tchadien tout entier des fléaux politiques qui allaient retarder son développement et compromettre son semblant d’unité nationale actuelle. Cependant, s’il a jusqu'à la dérouté, assimilé, écrasé toutes les forces hostiles à son pouvoir, il s’avère être du moins un piètre homme d’État, rassembleur, bâtisseur, et justicier. En fait, Deby n’est pas un libérateur, même s’il nous a apporté sa démocratie dans une mallette depuis Bamina.


En plus, il n’est pas un démocrate, car il a tué et continue par assommer sa démocratie dans la mallette. Malgré cela on nous chante que la démocratie tchadienne est en bonne santé ! Mais, peut-on clamer être démocrate et chercher à gouverner seul ou sans alternance ? Peut-on se dire démocrate quand on pratique une politique partisane, partiale, parcellaire, ethnique ou clanique basée sur une médiocrité et achats de conscience ? Bref, le président tchadien nous a montré les limites de sa démocratie made-in Bamina ou démocratie de mallette (clé en main), et non des urnes.

Ainsi, il y a un danger à aller aux élections en avril 2011 car Deby a ôté la démocratie tchadienne de toute sa substance pour la remplacer par des pétrodollars afin de fermer la gueule de tout Tchadien qui veut parler vraie démocratie dans le pays. Tout compte fait, qu’on ne gaspille pas l’argent du peuple tchadien pour organiser des élections dont les résultats sont connus d’avance - à cause du manque d’entrain dans l’animation politique que nous observons maintenant dans le pays. Autrement dit, les Tchadiens auront bientôt à choisir encore entre «la voix des urnes ou la voix des armes » pour défendre leurs droits constitutionnels. Et ça serait dommage pour ceux qui rêvent du changement et de la démocratie en douceur dans le pays ! D’ici là, c’est au peuple de décider, car les politiciens vont l’amener sûrement à l’abattoir, si ce n’est déjà fait à travers leur silence de se déclarer candidats.


Laounodji M.Mbairessem

Washington DC

laoumonzal@yahoo.fr

Tag(s) : #Politique
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