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Aujourd’hui, ce qu’on appelle AQMI qui est lui-même une émanation du GSPC, lui-même une autre émanation du GIA algérien, est aujourd’hui subdivisé en 4 groupes :
- El Moulethemine
- Taregh ibn Ziyad
- El Vourghane
- Al Ansar (ne pas confondre ce dernier groupe à avec les Touaregs Kel Ansar, soit dit au passage).

Peu de gens se souviennent encore des quelques irréductibles islamistes Algériens fuyant la réponse du gouvernement algérien tout aussi barbare que la terreur qu’ils ont eu à installer en Algérie dans les années 1990. Ce petit groupe de quelques personnes (35 membres seulement) menés par Amari Saïfi alias Abdel Razak El Para et Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossab Abdelouadoud, avait, initialement, l’idée d’aller vers l’Est, en direction du Soudan, mais ils ont été arrêtés par un autre petit groupe d’une rébellion tchadienne plutôt insignifiante en juin 2004, le MDJT qui opérait dans le Tibesti.

Ancien sous-officier des forces spéciales algériennes, comme d’ailleurs la plupart des chefs du GSPC, Amari Saïfi qui a rejoint le groupe en 1999, avait participé, auparavant, à plusieurs attentats terroristes, notamment celui de janvier 2002 à Tébessa, dans le nord-est de l’Algérie ; cet attentat avait fait 10 morts parmi les membres des forces de sécurité. Amari Saïfi avait aussi participé à une embuscade, en janvier 2003, contre une patrouille militaire à Theniet El-Abed, dans le nord de l’Algérie ; cette attaque s’est soldée par le lourd bilan de 43 militaires tués. Ainsi, Amari Saïfi est devenu mondialement connu par l’enlèvement qu’il a orchestré en février 2003, dans la région d’Illizi (Sud-est de l’Algérie) de 32 touriste occidentaux.

Capturé par le groupe rebelle tchadien «MDJT- Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad» dans le nord du Tchad, Amari Saïfi a été remis à la police judiciaire algérienne dès son extradition en octobre 2004; sa condamnation survient quelques semaines après l’attaque contre la base mauritanienne que le GSPC avait revendiquée.

Bien que la collusion entre le GSPC et le gouvernement algérien fût depuis longtemps soupçonnée, l’attaque de Lemgheyti en Mauritanie a réaffirmé ce lien ; en effet, un soldat mauritanien qui a survécu à l’attaque, a affirmé avoir vu deux véhicules du Polisario qui transportaient le matériel des terroristes. Ajoutant à cela le fait qu’une centaine d’hommes armés puissent disparaître au milieu du Sahara sans que les autorités algériennes ne puissent les localiser est un autre indice du lien étroit entre le régime algérien et le GSPC qui n’est autre qu’une pure création du pouvoir algérien qui voulait isoler le GIA en y créant une dissidence.

De l’installation officielle au Mali.

Nous passons les détails sur les conditions mystérieuses du transfert d’El-Para et sur la détention des premiers otages occidentaux, où les manipulations politiques et la recherche d’appuis occidentaux, par tous les gouvernements impliqués, ont eu raison de la vérité qui les entoure. Les preneurs d’otages avaient notamment demandé à rester au Mali après la libération des touristes et exigé une rançon. L’Allemagne aurait versé 4,6 millions d’euros pour cela, d’après la télévision publique allemande ARD, citant des sources proches de Berlin. Le Mali, quant à lui, «n’accordera pas d’asile aux ravisseurs, mais il ne les combattra pas non plus sur son territoire», avait affirmé le porte-parole du gouvernement malien, Gaoussou Drabo.

Chef des négociateurs maliens, l’ancien chef de la rébellion touarègue au Mali, Iyad Ag-Ghali, privilégie la thèse des trafiquants et contrebandiers qui pullulent dans cette zone de non-droit et pourraient avoir cherché une nouvelle activité lucrative en exigeant le versement d’une rançon. Abderrazek El-Para n’a pas gardé tout l’argent. Il avait distribué, euphorique, selon un témoin, entre 60.000 et 70.000 euros à chacun des médiateurs. Les faits ont été confirmés par El-Para lui-même après son arrestation, en 2004.

Grâce à la rançon, l’ex-GSPC a commencé à investir dans la zone, s’assurant ainsi des complicités locales. Ainsi, fut adopté le principe au Mali qui a permis au GSPC, futur AQMI, de s’installer au Mali où El-Para disparu, le commandement est repris par Moktar Belmokhtar encore surnommé Bellaouar (le borgne). Le numéro 2 du GSPC va aller jusqu’à prendre femme dans la communauté maure de Tombouctou afin de bien s’assurer, comme c’est traditionnement le cas dans les mécanismes tribaux. Cela a plusieurs avantages, comme nous y reviendrons plus loin. Toutefois, il faudra aussi se rappeler qu’en 2004 reprenait déjà la gestation d’une énième rébellion dans la région de Kidal où certains anciens rebelles n’ont jamais tous été convaincus que le dépôt des armes était une solution pour sortir le Nord du Mali du marasme économique et surtout le pourrissement du contexte politique local, sur fond de décentralisation et d’élections locales. Cette agitation donna naissance au soulèvement de Kidal avec à sa tête un certain Ibrahim Ag-Bahanga qui souhaitait juste au début l’érection de son village en commune, rejoint plus tard par le lieutenant Hassan Ag-Fagaga de l’armée malienne lors des événements de mai 2006.

L’objectif n’étant pas d’analyser la rébellion touarègue au Malli et au Niger, nous allons nous limiter aux faits uniquement liés aux GSPC. La rébellion touarègue, une aubaine qui tourne au vinaigre.

Le soulèvement de mai 2006 a pris de court tout le monde, par sa violence mais aussi par la détermination de ses commanditaires. Initialement, plusieurs pays, dont la Lybie et l’Algérie, ont été plus ou moins accusés de complicité d’autant qu’au Niger voisin, une autre rébellion, le MNJ voyait le jour simultanément et que le Guide Libyen avait juste les années d’avant célébré, en grande pompe, la fête de l’Aïd dans ces deux pays (respectivement à Tombouctou et à Agadez). Tous les yeux ont donc été braqués sur la Lybie : au final, les analystes ayant gardé en tête le soutien de Kadhafi aux premières rébellions des Touaregs du Niger et du Mali, de 1989-1990 et son appétit pour la participation aux désordres locaux, cependant que la vérité est encore ailleurs. Les observateurs les plus avisés verront eux la griffe des services secrets algériens derrière ces deux rébellions, non pas comme instigateurs, mais plutôt comme simples profiteurs ; en effet, la politique algérienne a toujours été de contenir ses islamistes en dehors de ses frontières.

La déclaration malienne et le pacte de non agression vis-à-vis du GSPC va venir arranger cette politique, tout le reste suivra. Les manipulations algériennes et les toiles locales. L’Algérie commence d’abord à prendre des contacts avec les rebelles touaregs en fermant les yeux sur leurs incursions sur le territoire algérien (Borj El-Moktar et Tamanrasset) afin de mieux cerner leurs objectifs et mieux les utiliser par la suite.

L’Algérie a laissé les blessés se faire soigner et rentrer des hommes armés tant que cela n’était pas trop visible. Des mesurettes qui, sans permettre d’établir le lien de soutien, donnaient une impression de bienvenue sur le territoire aux insurgés maliens et nigériens. Leur parfairte connaissance du terrain sahélien constitue pour les rebelles touaregs un incontestable avantage militaire, cependant que cet atout est de plus en plus remis en cause par deux catégories d’intrus : les trafiquants de toutes sortes et les Salafistes. Si l’on peut reprocher à quelques touaregs un penchant pour la contrebande, nul, en revanche, ne peut les soupçonner de sympathie pour les Djihadistes d’Al-Qaïda. Il n’en est pas de même pour les maures Barabiches, une tribu qui a offert ses services aux émissaires d’Oussama Ben Laden dans le Sahel. Des milices «barabich» de l’Azawad Nord-Ouest que nous croyons dissoutes en juillet 2009 se sont reconstituées en novembre 2009 et agissent en seconde main, selon le mode opératoire de la Mafia, pour AQMI, au compte de leurs chefs qui sont tapis dans l’ombre à Tombouctou et à Ber. Ceux-là ont fait valoir leurs états de service de preneurs d’otages en se faisant valoir comme les héritiers de ceux qui ont pris en otages les chasseurs Qataris, en fin 2004, dans le secteur de la Majabat el-Koubra aux confins Mali-Mauritanie.

AQMI va donc continuer de tisser sa toile dans les milieux maures, connus pour leur activisme dans le commerce transfrontalier avec la Mauritanie, l’Algérie et le Sahara occidental ; toile qui sera tissée jusqu’au sommet des Etats avec des officiers maures, comme un certain colonel Lemana Ould Cheick au Mali ; des intervenants qui vont jouer le double jeu d’agents de liaison pour les services secrets maliens mais aussi pour AQMI.

Le 17 juin 2009, l’armée malienne avait annoncé avoir tué 26 «combattants islamistes» en attaquant pour la première fois une base de la branche maghrébine d’Al-Qaïda sur son sol. Cette offensive avait eu lieu un peu plus de deux semaines après l’assassinat d’un otage britannique, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique. L’opération avait été menée dans l’extrême Nord du Mali, à la frontière avec l’Algérie, à l’Ouest de l’oasis de Tessalit. Cette opération étant destinée, d’une part pour obtenir les bonnes grâces de l’Algérie, fâchée après que le Mali se soit orienté vers le guide libyen pour la médiation avec les éléments dissidents touaregs, au détriment de l’Algérie et d’autre part, pour montrer aux Occidentaux que le Mali, après les enlèvements et la libération de leurs ressortissants sur son territoire, ne cautionnait plus la présence d’Al Qaïda.

Pendant ce temps, le Mali, revigoré par son changement de stratégie dans la région de Kidal, où les opérations ont été confiées au Colonel touareg El Haj Gamou qui a intelligemment muselé la révolte de Kidal, s’est mis à jouer un jeu sordide avec les Maures de Tombouctou, sur fond de politique locale pour monter ces derniers contre les Touaregs, via un certain Colonel Lemana Ould Bou et un réseau bien en place dans les ministères et les états majors à Bamako. Ce «réseau» a mis à profit cette nouvelle donne pour rentrer en contact avec AQMI pour servir désormais de facilitateurs pour la libération des otages, une prestation de service devenue juteuse. Cela s’est fait via le Colonel Lemana mais l’opération tourne au vinaigre : le Colonel Lemana, ayant aussi découvert la présence d’éléments des services secrets algériens au sein d’AQMI, a voulu tirer profit de tous les deux côtés, cela s’est soldé par son assassinat en pleine ville de Tombouctou par des éléments supposés appartenir à AQMI.

A partir de cet incident malheureux, le Mali s’est fait embobiné par des éléments Berabiches, parents de Lemana, qui ont utilisé les moyens de l’armée pour organiser une vendetta qui s’est soldée par un carnage terrible dont le bilan fut lourd : 10 morts, dont celle d’un colonel malien maure, égorgé au couteau, 24 disparus et des blessés dont on ignore le nombre précis et 4 véhicules de transport de troupes calcinés. A partir de ce revers militaire, le Mali a déclaré la guerre du bout des lèvres à AQMI et le divorce entre AQMI et les bérabiches est consommé.

Pour AQMI, il faudra alors trouver de nouveaux horizons. Plusieurs événements qui confirment l’instrumentalisation de la rébellion touarègue au Mali par l’Algérie ont eu lieu de 2006 à 2009 : en septembre 2007 à la faveur de sa position de médiateur dans le conflit, l’Algérie a organisé discrètement une opération de liquidation physique de Belmokhtar par des éléments de la rébellion touarègue ; cette tentative a échoué, cependant plusieurs éléments de AQMI ont été tués par le groupe de Bahanga, dont le lieutenant, attaché militaire de Belmokhtar.

L’intérêt de l’Algérie étant lié au GSPC, ce pays s’est, peu à peu, désintéressé du Niger où le peu de mixité avec les maures n’a pas vraiment permis à AQMI d’y prendre racine. AQMI, de son côté, a eu le temps de former ses 4 unités et poursuit son extension vers l’ouest, la Mauritanie et le Sahara Occidental.

Par M. Ag Khelfa
Source : L'indépendant

Tag(s) : #International
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