Le passage du Président Idriss Deby Itno en France la semaine dernière a été diversement appréciée et commentée par les observateurs que nous sommes. En effet, comme ont eu à le souligner plusieurs blogueurs, c'est une visite particulièrement intéressante et riche en révélations.
Entre autres révélations, celle qui retient aujourd'hui mon attention est évidement la déclaration du président tchadien sur la disparition du Pr. Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de l'opposition démocratique.
Pressé de questions, Idriss Deby Itno va d'abord refuser de répondre à la question directe qui lui a été posée par le journaliste français du Nouvel Observateur et qui porte principalement sur la disparition d'Ibni. Dos au mur, Deby craque et passe aux aveux. Tout de go, il admet qu'il a ordonné l'arrestation de l'ancien président de la République et actuel chef du parti politique RDP, Monsieur Lol Mahamat Choua. Il va plus loin en affirmant que c'est bien lui encore, assisté par deux officiers de l'armée française présents ce jour du 2 février au palais présidentiel, qui a donné le feu vert à son aviation de tirer à vue sur la foule rassemblée devant la maison de Monsieur Choua. Plus qu'un aveu, cette déclaration d'Idriss Deby Itno constitue une véritable pièce à conviction.
De là, nous pouvons déduire en toute logique que Deby sait pertinemment comment Ibni Oumar a été arrêté et probablement exécuté. Il sait aussi où son corps a été enterré. Quant à l'autre victime, Monsieur Yorongar Ngarlejy, certainement Deby sait aussi comment ce dernier a pu sauver sa peau et si oui ou non il a bénéficié d'un concours quelconque pour arriver jusqu'à Yaoundé puis Paris.
Sachant tout cela, nous pensons que la réaction des fils Ibni ou du moins celle de tout ce beau monde qui, depuis bientôt deux ans maintenait l'affaire Ibni en vie, allait se faire de manière instantanée, mais en vain. Rien jusque-là. C'est tout simplement incroyable, eux qui étaient si actifs. Il y a forcément quelque chose qui ne cloche pas et qui nous échappe forcément. Quoi ?
C'est dans cette lancinante interrogation que nous tombons de nu devant cette photo où on reconnaît Brahim, un des fils Ibni, en bonne compagnie du vieux loup de la résistance en exil, Mahamat Abbo Sileck. Un espion de la pire espèce au service de la DGSE mais aussi des Libyens et mêmes de nombreuses Ong qui oeuvrent sur le dossier du Darfour et contre le gouvernement soudanais. Rappelez-vous que ce même bonhomme a été très tôt envoyé en service commandé au Soudan pour semer la zizanie au sein du RDL du bouillon Capitaine Mahamat Nour Abdelkerim. Démasqué, il a été arrêté et emprisonné à Khartoum durant plusieurs mois pour espionnages et n'eut été la mobilisation des députés français, il serait toujours incarcéré dans les geôles soudanaises.
On constate une fois de plus qu'après Ahmat Yacoub Dabio, Mohamed Kebir, etc. les fils Ibni s'embarquent maintenant avec Mahamat Abbo Sileck. Est ce vraiment le fruit d'un hasard ? Non, les contours tribales jouent ici un rôle capital, comme d'ailleurs dans tous les problèmes du Tchad. Ce qui explique aussi peut être le rapprochement avec l'UFCD. Mais aujourd'hui où est Dabio ? Demain, ils découvriront à leur tour la face cachée d'Abbo Sileck. Espérons qu'il ne sera pas trop tard pour eux quand ils s'apercevront que le loup s'est bien installé dans la bergerie.
Il ne serait pas de trop d'affirmer que la conduite des fils Ibni frôle la déception. A l'heure où la veuve de feu Thomas Sankara ameute l'opinion internationale et pousse l'ONU pour exiger du gouvernement Burkinabé d'indiquer la tombe de son mari, eux, se prêtent à un jeu médiatique avec une bonne dose ethnico-politico-judiciaire. Sans compter la complaisance vis à vis de l'Elysée qui soutient Deby à bras le corps et qui malgré tout a une bonne oreille auprès d'eux. C'est à réfléchir.
Par Abderahmane Ahmat.