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 wade deby
Avec ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Hissein Habré », l’Afrique est en train de donner, une fois de plus et certainement une fois de trop, l’occasion à tous ceux qui ne ratent jamais l’instant de se payer sa tête de s’en donner à cœur joie.

 

 « 8,5 millions d’euros à prendre et à s’envoyer derrière la cravate ! » Ainsi pourrait ironiquement et dérisoirement se résumer les derniers développements de ce qu’il est convenu d’appeler "l’affaire du procès de Hissein Habré", du nom du procès en sorcellerie que certains tiennent absolument faire à l’ancien président Tchadien renversé en 1990 par des rebelles à la solde des occidentaux et du dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

C’est dans le dessein de se partager ce petit pactole équivalant à quelque chose comme 5,6 milliards de nos francs Cfa, qu’une horde de chasseurs de primes tenant en joue le gouvernement  Sénégalais – qui y trouve pour sa part un malin plaisir - a décidé, avec une obstination exécrable, de jeter en pâture à une meute de chiens assoiffés de sang, un Africain.

Un Africain dont le véritable, l’unique crime, est d’être resté un patriote jusqu’au bout. Se refusant, de manière quasi suicidaire, à la moindre compromission  qui eût pu aliéner -  fut-ce dans sa plus infinitésimale proportion -  l’intégrité de son territoire  au profit d’une Libye âprement impérialiste, mais se découvrant  aujourd’hui, sur le tard, des vertus panafricanistes.


Un Africain qui a su tenir au passage en échec, en des circonstances bien précises et à plusieurs niveaux, ces maîtres blancs venus d’Occident qui croyaient avoir épuisé toutes les recettes en matière d’espionnage et de guerre.


Contre toute attente et tout bon sens, la justice Sénégalaise qui donne plus que l’impression de voguer au rythme de la sénilité du maître des céans, Abdoulaye Wade, a officiellement annoncé vendredi 27 Novembre dernier, de manière ridiculement triomphaliste, que le procès Habré allait enfin pouvoir démarrer, au prétexte que de prétendus donateurs africains et européens se sont engagés à poser sur la table la somme de 8,5 millions d’Euros pour financer un procès dont personne ne sait en réalité à quoi il rime, sinon sans doute à prouver que les Africains ne sont capables d’aucun discernement, ni même de la moindre décence dès lors qu’on leur jette un os à ronger.


Au départ, pour « vendre la peau » de l’ancien chef de l’Etat Tchadien, le Sénégal avait exigé de ceux qui tenaient absolument à juger Hissein Habré la bagatelle de 40 millions d’euros, ensuite 18 : un gros gigot bien charnu.

Aujourd’hui, à l’arrivée, il se contente de moins de la moitié – un os avec juste un peu de viande autour - en remuant la queue.

L’essentiel étant plus de se faire de l’argent pour la campagne électorale de qui l’on sait – et de s’offrir quelques menues gâteries - que de rendre une quelconque justice.

 

A l’annonce de cette tonitruante hérésie juridico judicaire, personne n’a en tout cas raté, dans l’opinion Africaine et internationale, le pitoyable spectacle de quelques autres chiens africains efflanqués du barreau, se déchirant sous les caméras des médias occidentaux, pour un os complètement récuré par des gueules plus autorisées.

Et en bonne place parmi ceux-ci, Me Padaré du Tchad qui, plutôt que de suivre jusqu’au bout le dossier de l’assassinat de Ibni Oumar – enlevé et tué par Idriss Deby – se mêle, toute honte bue, d’aller hurler au Sénégal avec des chiens loup contre Hissein Habré.

 

Ainsi, voilà l’Afrique se retrouvant  avec, sur les bras, un procès qui n’a pas de sens, mais qui, par la volonté forcenée de certains individus et lobbies, doit se tenir vaille que vaille, coûte que coûte, et par tous les moyens. Quitte à tordre le cou au Droit et au bon sens réunis.

 

En fait, le feu avait été mis aux poudres une semaine plus tôt, par un  Arrêt rendu le 18 novembre 2010 par la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – saisie par les avocats du président Habré.

Cet Arrêt de la Haute Juridiction sous-régionale « constate l’existence d’indices concordants de probabilité de nature à porter atteinte aux Droits de l’homme de Monsieur Hissein Habré sur la base des réformes constitutionnelles opérées par l’Etat du Sénégal. Dit qu’à cet égard l’Etat du Sénégal doit se conformer au respect des Décisions rendues par ses Juridictions Nationales notamment au respect de l’autorité de la chose jugée ; en conséquence, la Cour ordonne au Sénégal le respect du principe absolu de non rétroactivité ; ». Allant plus loin, la Cour de la CEDEAO donne une interprétation du mandat de l’Union africaine en posant que le mandat reçu par le Sénégal de l’Union africaine « lui confère plutôt une mission de conception et de suggestion… » ; Autrement dit, elle dénie au Sénégal le droit de poursuivre et de juger l’ancien Président tchadien. Il importe de rappeler ici que, dans un Arrêt précédent, la Haute Juridiction de la CEDEAO a déjà dit que l’Union africaine n’est pas habilitée à se mêler de l’administration de la justice, mettant ainsi en cause, de façon non équivoque, la validité juridique dudit mandat.


La conclusion à tirer de cet Arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO coule de source : En raison de l’autorité de la chose jugée et du principe absolu de non rétroactivité, l’affaire Hissein Habré est, sur le plan judiciaire, définitivement close et morte. Rappelons que l’Arrêt du 18 Novembre 2010 est la sixième décision  de justice rendue (trois à Dakar et trois à Abuja)  dans cette crapuleuse chasse à l’homme ; toutes ont donné raison à M. Habré, et au détriment d’une obstination suspecte du gouvernement sénégalais encouragé par un conglomérat d'ONG mues uniquement par la cupidité et la détermination de mettre absolument Hissein Habré en prison.

 

A l’heure actuelle, sous des prétextes aussi fallacieux qu’insultants à l’intelligence des Africains, l’Etat mendiant du Sénégal, ses bailleurs de fonds  sans scrupules et les ONG affairistes s’agitent à relancer l’affaire en cherchant à mettre en place un pseudo juridiction spéciale. Une honte, quand on sait qu’immédiatement après le rendu de l’Arrêt de la CEDEAO, le ministre sénégalais de la Justice s’est empressé d’aboyer à haute et intelligible voix qu’il  respecterait la décision de la Cour avant de se dédire piteusement, le lendemain, devant les bailleurs de fonds et à l’issue de tractations nocturnes sécrètes, en pérorant que le Sénégal va effectivement entamer les poursuites puisqu’il a reçu l’assurance que les financiers sont prêts à mette la main à la poche.

 

Pour ceux qui ne se contentent pas d’être  otages des manipulations, il est clair qu’un Tribunal spécial ne pourrait réellement entreprendre de juger l’ancien Chef de l’Etat tchadien en faisant d’une part, l’impasse totale sur l’Arrêt de la Cour de la CEDEAO et les Arrêts de la justice sénégalaise, et d’autre part, sans avoir épluché le contexte, identifié toutes les parties impliquées (Etrangers et Tchadiens) dans les faits incriminés  que l’on a décidé, arbitrairement, de porter à la seule charge du Président Habré par les prétendus plaignants et autres défenseurs intéressés des droits de l’homme. Si tant est que ces faits eurent lieu réellement.  


Un procès incrédible, une justice disqualifiée


Car, on ne le dira jamais assez, aucun procès crédible ne saurait être ouvert à l’encontre  de Hissein Habré tant que l’homme dont les mains toujours rouges de  sang – nommé Idriss DEBY Itno - ayant réellement commis les "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures" aujourd’hui reprochés à Hissein Habré, règne encore et toujours sur l’Etat du Tchad d’où il avait chassé le même Habré il y a vingt ans.

Idriss DEBY dont l’ubuesque férocité - infligée au quotidien  en sus d’innombrables et incessants autres crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures - sur le pauvre peuple tchadien, sous le regard impassible et impavide des très chagrins occidentaux et autres défenseurs des droits de l’homme.

De très suspects défenseurs des droits de l’homme - pilotés par un lobby juif international - qui ont toujours pudiquement fermé  les yeux sur les immondes exactions et crimes militaires perpétrés par Ariel Sharon, Benyamin Netanyaou, Ehud Barack, Ehud Olmert, George Bush, Jacques Chirac et autres puissants de la même engeance au Liban, en Palestine, en Irak, en Afghanistan,…

Celui qui a dit que l’histoire est écrite par les vainqueurs, et que ceux-ci ne peuvent jamais écrire que l’histoire qui leur plaît n’a pas tort !

 

La justice sénégalaise (ou le fameux Tribunal spécial en projet), ne pouvant jamais convoquer l’actuel dictateur tchadien, ne devrait avoir aucune raison de continuer de harceler un Hissein Habré qui, plus que jamais fait figure de victime d’un délit de « de faciès » ; contrairement à Idriss Deby Itno, qui ne cesse de se vanter d’être le général qui mène personnellement les opérations au front kalachnikov au poing, et qui n’a aucun scrupule à faire kidnapper, tuer et faire disparaitre les dépouilles de ses opposants au vu et au su de tous ces fieffés défenseurs des droits de l’homme d’Afrique et du monde entier si sélectifs dans l’appréciation de ceux ci.

 

Car, quand Tsahal massacre plus d’un millier de Palestiniens en mondovision, ce n’est pas un crime de guerre. Et personne n’ose le qualifier comme tel. Et jamais personne  - et surtout pas une Ong Africaine - n’osera jamais accuser pour ce fait un seul dirigeant Israélien devant un tribunal local ou international.


Et puis, pour qui sait que la loi n’est pas rétroactive, il faut être un apprenti-sorcier de la justice, ou tout simplement un justicier qui se moque carrément des normes judiciaires internationales, pour penser que Hissein Habré peut être traîné en justice pour faire plaisir et assouvir les phantasmes d’un groupe de prétendus défenseurs des droits de l’homme qui ont perpétré, ou ont été complices de faits de "crimes contre l’humanité", "crimes de guerre" et "tortures".

Sans oublier qu’avec ce procès, les organisateurs se préparent avec délectation à faire parader en première ligne – comme c’est le cas en ce moment même dans le procès Bemba – des « témoins », sans visage et sans noms, uniquement identifiables par un numéro, déjà préparés à venir porter des accusations aussi invraisemblables qu’incandescentes.


Au delà de toutes les supputations,  le Gouvernement Sénégalais a le devoir de dire la vérité aux Africains.  Car, comme l’a dit un observateur Africain, jamais l'Union Africaine n'a donné un quelconque mandat au Sénégal pour juger Hissein Habré ! Et ce n'est pas l'ancien ministre des Affaires Etrangères Cheikh Tidiane Gadio qui pourrait le contredire, malgré le fait qu’il ait récemment  tenu à Dakar une conférence de presse au cours de laquelle il a déclaré pince sans rire  que le Sénégal allait confier le dossier Habré à l'Union Africaine, une entité politique n'ayant aucun caractère juridique.

Le reste n’est que gesticulations de petits cupides qui n’ont aucune chance de prospérer, à moins que la force du droit fasse - comme c’est la règle générale en Afrique - place nette au droit de la force. Mais le jugement de l’histoire, impérieux et impitoyable, remettra, tôt ou tard, les pendules à l’heure !

 

 

Alphady Ouedraogo Hamidsou

Enseignant-Chercheur au SCEV- Sciences PO

124 – Street 15 Zongo Cadjehoum

Cotonou– Benin

Tag(s) : #Articles- Affaire HH
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