Dans l’exercice de sa mission d’informer, la presse écrite tchadienne s'est peu à peu épuisée à force de tracasseries multiples mais elle s’est tout simplement fourvoyée en acceptant de grosses enveloppes distribuées gracieusement par les hommes de Deby, sans compter que les patrons de presse ont préféré gérer leurs propres affaires et ne pas déplaire aux bailleurs de fond pro -Deby(UE et son représentant M DESESQUELLES) qui octroient de multiples petits marchés, et qui leur ont offert parfois la possibilité de décrocher une planque dans une institution internationale.
Parallèlement les sites et blogs Internet ont explosé littéralement, face à cette montée en puissance, le régime Deby a eu plusieurs attitudes.
Les deux sites pionniers à savoir Ialtchad et Alwihda ont été plus ou moins retournés. En ce qui concerne Alwihda, après avoir longtemps gardé son masque, la vache folle de l'opposition à Paris l'a finalement jetée pour rallier le régime Deby.
Quant au site Ialtchad, en affichant sur sa page d'accueil, le bureau du groupe parlementaire MPS qu'il a contribué à construire selon certaines rumeurs, il s’est mis à nu. Une ligne éditoriale « cool » pour le régime Deby, et des attaques lancées contre certains sites voire certains opposants. Tel fut le deal.
De nouveaux sites font leur apparition et contre-attaquent en dénonçant les « vendus ». On assiste à un défoulement sans précédent et les Tchadiens ne se sont rien épargnés. Tout est sorti parfois de manière violente : insultes et menaces….
Epuisés et certainement apaisés quelque part, les sites qui désormais cohabitent avec de multiples blogs ont évolué de manière positive et on note une nette amélioration dans les écrits, dans les analyses, dans la recherche et la diffusion de l'information.
Il n'est donc pas étonnant que leur crédibilité soit montée en flèche surtout que leur dynamisme dans la couverture des événements militaires, a fini de convaincre les gens que c'est là qu'il faut aller chercher les news.
On comprend aisément que les caciques du MPS et leurs conseillers ont commencé à s'inquiéter sérieusement. C’est ainsi que certains blogs ont été approchés, des informations confidentiels ont été complaisamment offertes (affaire de la conversation de Nouri avec un responsable Soudanais) et qui ont la particularité d'être dirigées contre la rébellion (affaire de « l’arrêt limpide » diffusé par l’ex-blog de Lyadish, ressuscité en Tchadoscopie). Des mercenaires de la plume ont été recrutés pour semer la zizanie, ouvrir des débats stériles et dépassés avec une seule constante, épargner le régime Deby. (M Enoch Djondang et ses contributions).
Mais la sauce manque de liant et de saveur, tandis que les sites et blogs ne se laissent pas intimider et maintiennent la pression. Leur saga continue, alimentant de plus en plus les conversations et surtout pénétrant tous les milieux de N'djaména.
C'est ainsi qu'une cellule est mise en place au service de la presse présidentielle pour proposer des solutions, les ralliés Yaya Dillo et Hassane Abdelkerim Bouyebri se sont vus confier le boulot. Leur plan de combat s'est articulé autour de deux axes :
1- Tout d’abord, créer de nouveaux blogs pour porter la réplique, ensuite, essayer d'identifier les auteurs de blogs et sites hostiles à Deby. Des messages sont envoyés ainsi libellés : « je suis le ministre untel, j'ai pris conscience que ce régime Deby est honni par le peuple et je souhaiterais collaborer avec vous pour vous donner des informations, je vous donne mes coordonnées téléphoniques, etc... ». On aura tout vu.
Hinda Deby Itno consulte après sa tasse de café, les sites Internet tchadiens et prend ainsi sa dose quotidienne. Elle fulmine, dénonce l'immobilisme de tous ces bons à rien à son service. Mansour Abbas, tout nouveau rallié, sera appelé pour renforcer le contingent des nouveaux généraux chargés de faire la guerre aux sites. Après le flop total, sur l'identité des gérants des blogs et sites, une nouvelle idée germe dans l'esprit de nos chefs, dissuader ceux qui envoient des contributions et alimentent ainsi les sites. Là aussi les résultats sont bien maigres. Hinda quant à elle, souhaite que nos généraux mouillent le maillot et défendent le régime bec et ongles, à travers des écrits, prises de positions etc...
Seulement voilà, les textes sont bien fades et si peu convaincants, tout le contraire de ce qu'elle lit sur le net. Devant le manque d'inspiration, et l'incapacité avérée de nos généraux de la cellule de Communication MPS, la décision est tombée : il faut bloquer tous les sites et blogs qui nous sont hostiles.
Quoi de plus facile, la françafrique est si bien représentée à Ndjaména, quand des informaticiens sont envoyés pour bidouiller les fichiers électoraux et les résultats des urnes, quand les entreprises de télécoms coupent les communications pendant les événements militaires, quand l’ambassadeur de France en personne passe un savon à la presse privée tchadienne, et enfin quand le représentant de l’UE, M Gilles Desesquelles tance les chefs des partis politiques de l’opposition, alors bloquer quelques sites Internet est un jeu d’enfant pour des gens qui ont une « réputation » à préserver et à défendre car elle leur rapporte gros.
Déjà, sous la tyrannie de Tombalbaye, leurs ainés désormais retraités, avaient installé à Ndjamena une antenne pour brouiller la radio du Frolinat, il faut préciser qu'écouter radio Frolinat sous Tombalbaye équivalait à se tirer une balle dans la tête. Et pourtant malgré la répression, les djassous à tous les coins de rue, les gens ne voulaient en aucun cas rater la célèbre chronique qui brocardait les hommes de Tombalbaye, on se cachait dans les toilettes, les gens repartaient au bureau le soir, faisaient un tour rapide hors de la ville, et l'info circulait ainsi de bouche à oreille, maison par maison.
Il s'agit maintenant de s'organiser comme hier d’autres l’ont fait, en trouvant une astuce qui consistait à rapprocher le poste radio d'une bassine d'eau pour que le brouillage disparaisse. Notre objectif étant que l'information qui dérange tant, passe malgré tout.
Déjà, à notre niveau, nous sommes de nouveau accessibles au Tchad.