48 heures après ce qui a été qualifié par certains milieux bien informés comme un putsch avorté, l'affaire n'a pas encore été tirée au clair. C'est dire que c'est du sérieux car il y a manifestement un désir fort de verrouiller l'information.
Outre la déclaration fantaisiste du ministre de l'intérieur tchadien, M. Ahmat Bachir, qui justifie ce chamboulement de la journée du vendredi dernier par une simple opération destinée à récupérer les armes cachées par les rebelles lors de leur incursion furtive dans la capitale il y a presque un an, il est important de souligner deux éléments : le réseau téléphonique a été coupé durant plusieurs heures et le mouvement de l'armée française aux alentours du palais présidentiel. Air-France a annulé son vol du même jour sur N'djaména. Ces deux éléments traduisent à suffisance le flou qui a régné autour de cette affaire.
Les arrestations ont débuté au niveau du palais présidentiel et se sont étendues sur toute la capitale, ses environs et même au-delà car on a signalé des fouilles extrêmement musclées à Massaguet et Massakory où beaucoup de personnes ont été blessées.
A N'djaména, les domiciles des communautés Zaghawas, Goranes et Hadjaraïs ont été les premiers cibles et ce quelle que soit l'affinité avec le régime MPS. Des fouilles militaires comme on les connait et comme on en a déjà vues d'autres avec ce régime. Il y a lieu de parler de saccages car c'est bien de cela qu'il s'agit. Des hommes armés jusqu'aux dents défoncent portes et fenêtres, entrent chez les femmes et les enfants, vident armoires, sacs, frigo, ..., piétinent, bouleversent et chamboulent tout sur le passage, des injures et des coups de crosses fusent de toute part. Gare à celui qui lève le petit doigt ou émet un petit son.
Inutile de vous préciser qu'il n'y avait point de mandat de perquisition, que tout le matériel emporté (armes, ordinateurs portables, téléphones cellulaires et satéllitaires, CD, documents, …) n'a pas été répertorié et par conséquent volés. De quoi occuper nos Magistrats qui ont décidé de ne pas laisser le pays sombrer dans l'arbitraire..... en attendant que les droits de l'hommiste leur emboitent le pas. On peut toujours rêver.
Beaucoup de personnes ont été arrêtées car détentrices d'armes de guerre (Kalach, grenades, pistolets et des munitions) ou de téléphones thuraya. Certaines ont été relâchées tandis que d'autres ont été soumises à des interrogatoires musclées. A peu près 300 personnes ont été interpelées entre vendredi matin et samedi soir.
En attendant de connaître qui parmi les intouchables a été arrêté pour essayer de faire une analyse tribalo-politique, nous pouvons avancer sans broncher que la situation militaire ne parait si rassurante pour Deby et ses hommes. Ces derniers, malgré le surarmement, sont conscients que les rebelles de l'Est assiègeront à nouveau la capitale N'djaména. Les nouvelles du font militaire font état de beaucoup de désertions en petits groupes des forces gouvernementales dont le morale est semble t-il au plus bas.
Quant à la population de N'djaména, elle prépare activement l'entrée triomphale des rebelles suivi du pillage ou voire de destruction des domiciles des dignitaires du MPS. Le Maire de N'djaména serait particulièrement visé.
Allah yastour !