Bernard Kouchner regrette d'avoir demandé un secrétariat aux Droits de l'homme, qui sont selon lui en contradiction permanente avec la politique étrangère d'un Etat, même en France.
"Je pense que j'ai eu tort de demander un secrétariat d'Etat aux droits de l'homme. C'est une erreur", déclare le ministre français des Affaires étrangères dans un entretien publié dans l'édition de mercredi du Parisien à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Bernard Kouchner précise qu'il parle "de la structure, pas des personnalités" et donc pas de Rama Yade, la titulaire du poste, "qui a fait, avec talent, ce qu'elle a pu."
"Il y a contradiction permanente entre les droits de l'homme et la politique étrangère d'un Etat, même en France", explique-t-il.
"Cette contradiction peut être féconde mais fallait-il lui donner un caractère gouvernemental en créant ce secrétariat d'Etat ? Je ne le crois plus et c'est une erreur de ma part de l'avoir proposé au président", Nicolas Sarkozy, ajoute Bernard Kouchner.
Pour le ministre, "l'important, c'est d'agir" tout en sachant qu'on "ne peut pas diriger la politique extérieure d'un pays uniquement en fonction des droits de l'homme. Diriger un pays éloigne évidemment d'un certain angélisme."
Bernard Kouchner et Rama Yade doivent se retrouver mercredi soir au palais de Chaillot pour une cérémonie pour célébrer le 60e anniversaire de la déclaration adoptée en 1948 à Paris.
Selon le journal le Monde, daté de mercredi, Nicolas Sarkozy exclut de nommer Rama Yade aux Affaires européennes en remplacement de Jean-Pierre Jouyet en raison du refus de cette dernière de conduire une liste UMP aux élections européennes.
La secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme aurait "profondément déçu Nicolas Sarkozy" en annonçant dimanche qu'elle refusait de mener une liste de l'UMP aux élections européennes de juin 2009, avance le quotidien.
"On estime qu'elle a commis une grave erreur de jugement sur l'importance de l'Europe et du Parlement européen, où elle aurait pu s'imposer bien plus qu'au Palais-Bourbon", écrit-il.
Pour Le Monde, le candidat le plus probable au remplacement de Jean-Pierre Jouyet serait Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin.