Ce matin du premier décembre d’une quelconque année, le peuple tchadien se réveilla avec une lassitude dans ses mouvements, une incohérence dans les idées, un nationalisme disparu, une fierté qu’on ne peut plus arborer, une indépendance absente à jamais sur nos visages, une résignation dorénavant certaine due à la lâcheté et à la traitrise, personne n’osait dire un mot contre ce qui nous assagit, ce qui est advenu de notre liberté si chèrement acquise et que nous détenions, même, la veille.
Enfin, le soleil se leva, nous domina, nous éblouit, apporta le jour et la clarté sombres dans nos idées et esprits, encore somnolents. Pendant ce temps, le Boss Habré mécontent de nous, négociait avec les autorités d’un pays limitrophe son passage vers un exil qu’il n’a pas choisi et pas plus que son peuple d’ailleurs. Voyant le danger arriver, nous nous précipitâmes vers lui, nous nous cramponnâmes au pan de son boubou pour le faire revernir mais il dit non. Il s’en est allé. Ce fut l’éclipse solaire.
Notre avenir s’assombrit. L’obscurité totale, l’absence horrible d’un guide. « L’œuvre de tant jours en un jour effacée ». Ses détracteurs et ceux du peuple tchadien revinrent au galop par les fenêtres pour s’assurer qu’Il était définitivement parti. Puis, la léthargie, la corruption, le viol, le clientélisme politique, la médiocrité, l’abandon du prochain, la spoliation des nos richesses naturelles, la course au pourvoir et la chosification de notre nation, notre Etat, notre âme battirent leur plein. L’épidémie du cholera s’installe nous tenaille, nous déshydrate, nous a occis. La boulimie du chiendent et la famine eurent raison de nous. Ensuite, ce fut l’amertume sociale. Perte de confiance, de la dignité, de l’estime de soi et la fuite notoire de responsabilités s’emparèrent du peuple du Tchad, la nation de Hissein Habré. Nous pliâmes nos bagages et prîmes le chemin de l’exile prédit par Dieudonné, ses devins, ses marabout-guérisseurs, ses mediums des années plus tôt.
L’occasion pour les renards de s’installer dans des poulaillers libres : monopolisation des sociétés de l’Etat, l’instauration d’une démocratie participative et dictatoriale où seuls les kanyangar (policier de son état, ce dernier eut à travailler pour l’ANS), les Bada, les Bakhit, les Acheik, les Akorselima et les rares Allafouza rancuniers, haineux et jaloux vis-à-vis de HH et du grand peuple tchadien s’y délestent.
Devant cet ordre renversé et inhabituel des choses dans notre patrie, enfin, les paroles d’un homme, honnête, loyale et intègre : Hissein Habré, refirent surface « Cinq millions de tchadiens organisés et décidés écraseront, sans nul doute, les Satan libyens et leurs hordes de mercenaires sauvages. La foi patriotique et la juste cause doivent nous y étendre.». Forts de vos judicieux conseils, les tchadiens, aujourd’hui, exilés et aussi épars que les graines d’une pastèque en décomposition, avec un fusil dans la main et un poème dans la poche et un homme dans le cœur, sont, aujourd’hui, disposés à repartir à la reconquête de leur pays pris en otage par des détracteurs et prédateurs sans foi ni loi.
Et ce jour-là, nous dirons tous en chœur : Hissein Habré l’homme qui nous défendit de l’annexion extérieure !
La mémoire collective du peuple tchadien vous parle de nouveau !
Par Ali Souleymane
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