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« La France soutient le président Idriss Deby qui a été élu démocratiquement par trois fois, elle salue le fait que l’Assemblée Nationale approuve le gouvernement sur la révision de la constitution » disent ironiquement les politologues français qui refusent de croire au danger Deby.
 

Il serait plus juste de dire que la politique de Deby n’est pas celle de Sarkozy, et la politique de Sarkozy n’est pas celle de Deby. Comme je me trouvais dernièrement à Rochefort en France pour participer à un stage de ce qu’on appelle « coopération militaire franco-tchadienne », il m’est arrivé, à plusieurs reprises que des français me demandassent si Idriss Deby pouvait être considéré comme le Gandhi tchadien. Je me souviens avoir répondu au Capitaine Juin, qui me posait la question, que Deby est le Chef d'un des régimes les plus sanguinaires de la planète soutenu par l’Elysée. Ma réponse eut l’air d’étonner le Capitaine Juin, qui laissa tomber la conversation.

En réalité, Deby ne ressemble pas au portrait que la France veut nous donner de lui. Malgré le soutien français, Idriss Deby reste un des chefs des régimes les plus sanguinaires de la planète.

En effet, c’est un homme qui aurait pu avoir un grand avenir derrière lui. Que d’occasions perdues ! Combien de fois, il aurait pu démocratiser le Tchad, s’il avait su profiter des circonstances favorables. En dépit de son éloquence, de son succès le 1er décembre 1990 sur Hissein Habré, du soutien de la communauté internationale, de la confiance que les tchadiens lui avaient donnée, Deby n’est pas un César. J’ai entendu, à Paris, un Zaghawa, qui fut l’un de ses proches Conseillers, donner sur Deby ce jugement singulier : « il n’est qu’une femme ».

L’esprit de Deby est réellement un esprit profondément féminin : son intelligence, ses ambitions, sa volonté même n’ont rien de courageux. C’est un homme faible qui se réfugie dans la brutalité pour masquer son manque d’énergie, ses faiblesses surprenantes, son égoïsme morbide, son orgueil sans ressource.

Ce qui se retrouve chez presque tous les dictateurs africains soutenus par la France, ce qui est une des caractéristiques de leur manière de juger leurs compatriotes par rapport aux événements, c’est leur jalousie. « la dictature n’est pas seulement une forme de gouvernement, c’est la forme la plus complète de la jalousie, sous tous ses aspects : politique, moral et intellectuel » disait Curzio.


Pourquoi persécute-t-il Yorongar ? Pourquoi a-t-il incendié publiquement le drapeau français ? Pourquoi a-t-il tué Youssouf Togoimi ? Assassiné Me Joseph Behidi, Mahamat Guetty, Abbas koty, Bichara Digui, Moise Kété, Laokin Bardé, Goukouni Guet, Kaffine Chadallah, Mamadou Bissau, Dochi Korey ?


Ces tchadiens et ce pays ont aidé Deby à devenir président du Tchad. Celui-ci redoute leur fierté. Comme tous les dictateurs africains, Deby est conduit bien plutôt par ses passions que par ses idées. Son attitude envers ses plus anciens partisans, comme Koty, qui l’ont suivi dès son entrée en rébellion contre Hissein Habré, qui ont fait sa gloire et sa puissance, ne peut s’expliquer que par un sentiment dont seuls s’étonneront ceux qui ignorent la nature spéciale du dictateur tchadien : sa psychologie violente et timide.

Deby est jaloux de ceux qui l’ont aidé à devenir une figure de premier plan dans la vie politique tchadienne. Il emploie toute sa brutalité pour humilier leur orgueil, à étouffer leur liberté de conscience, à obscurcir leur mérite personnel, à transformer ses partisans en serviteur sans dignité. Comme tous les Zaghawa du Tchad, Deby n’aime pas ceux qu’il peut mépriser. Son ambition, c’est de pouvoir, un jour, corrompre, humilier, asservir tout le peuple tchadien, au nom de la liberté, de la démocratie, de la gloire et de la puissance du Tchad.


Idriss Deby a un type particulier, qui n’est pas celui de l’intègre tchadien. Son type est celui de beaucoup de ses parents Zaghawa du Tchad. Il suffit d’entrer dans n’importe quel bureau au camp des martyrs de Ndjamena pour s’apercevoir que la majorité des Zaghawa du Tchad ressemblent à Deby.


D’après ses adversaires, le secret du succès personnel de cet homme qui, sans mériter d’être pris pour n’importe quel Zaghawa, possède tous les traits physiques de la médiocrité spirituelle d’un dictateur, ne serait autre chose que son éloquence : sa noble ardente, son pouvoir de corrompre des traîtres. Il ne faut pas faire un grief à Deby d’être arrivé, par sa seule éloquence, à imposer une discipline de fer à de centaines d’hommes recrutés parmi les tchadiens. Il serait injuste de le blâmer d’avoir été capable de persuader un Kamougué, un Kebzabo, un Djondang, un Nassour, un Kassiré, un Nagoum, …etc. puisque ces tchadiens-là, comparés à des femmes de Deby parce qu’incapables de poser le vrai problème du Tchad sur le terrain politique face à Deby, ne sont que des peureux, poltrons, matérialistes. Deby réussi toujours à imposer sa dictature personnelle à des traîtres du Tchad.


Ainsi, Soumis à une discipline de fer, écrasés par la volonté tyrannique de leur Chef, qui se déclare infaillible et qui exerce, au sein du parti, une dictature inexorable, les députés MPS ne sont pas des représentants du peuple tchadiens mais l’instrument aveugle des ambitions de Deby. Ces « députés », qui rêvaient à la conquête de leur quartier, village ou ville et de se battre, sous le drapeau bleu-jaune-rouge, pour défendre le peuple tchadien à l’Assemblée nationale, se voient réduits à servir les desseins ambitieux et les intérêts personnels d’un politicien éloquent qui ne saurait concevoir la démocratisation autrement que sous l’aspect d’une dictature, d’une interminable suite de massacres, assassinats, vols et pillages de ses propres compatriotes.


Par Sergent OLEH Gnonkréo

 

Tag(s) : #Ambénatna
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