’’Les médias sont les entités les plus puissantes sur terre. Ils ont le pouvoir de rendre les innocents coupables et de faire des coupables des innocents. Et c’est ça le pouvoir. Parce qu’ils contrôlent l’esprit des masses’’. Malcom X
« La justice ne s’accommode pas de spectacle ».C’est en ces mots que le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel du Sénégal(CNRA) rendait, il y’a quelques mois sa décision sur le projet de retransmission radiotélévisée d’un éventuel procès Habré.
L’organe de régulation entend à travers cette décision interdire toutes les tentatives de médiatisation de cette affaire mais aussi démonte l’ensemble de l’entreprise de manipulation des masses que les Chambres Africaines Extraordinaires ourdissent en collusion avec le consortium de « sensibilisation » pour jeter l’opprobre sur le président Hissein HABRE. Cette décision sonne comme un camouflet cinglant, un pied de nez lancé à l’endroit des Chambres Africaines et qui servira sans doute de jurisprudence tant sa portée est historique et sociologiquement pédagogique. Ce sont des principes fondamentaux que doivent guider tout procès pénal équitable que cet organe a rappelé avec vigueur : respect de la personne humaine et de la présomption d’innocence. En dépit de sa force obligatoire, le procureur général n’entend pas comme à son habitude se plier à cette décision. Du moins, ce qui insinue ses déclarations dans la presse à ce sujet. Refus d’appliquer les décisions, inégalité de traitement... C’est le propre d’un procès politique.
Il convient de saluer l’audace et l’esprit d’indépendance dont a fait preuve cet organe de rendre une telle décision dans un contexte où très curieusement tous les recours intentés par la défense du président sont systématiquement bloqués. Ces blocages ne sont certainement pas dus à la lenteur de la justice. Ce sont plutôt des manœuvres dilatoires et sordides découlant d’une volonté manifeste de torpiller toutes les démarches judiciaires entreprises par la défense du président en vue de la mettre devant le fait accompli.
Il faut rappeler qu’au lendemain de son incarcération, les conseils du président ont intenté une action judiciaire au niveau de la Cour suprême pour statuer sur la légalité de cette juridiction notamment sur le texte l’instituant. Au vu des irrégularités manifestes qui ont jalonné le processus ayant accouché ce tribunal, irrégularités qui ont été d’ailleurs dénoncé par les juristes de tout bord, un arrêt de la cour sonnerait le glas de cette machination. Décision qui tarde à tomber malgré la sensibilité de l’affaire.Tous les éminents juristes Sénégalais et Africains sont unanimes quant à l’illégalité des Chambres Africaines Extraordinaires. Ils s’accordent tous que les fondements sur lesquels on veut juger Habré sont contestables à plusieurs points de vue. Du coup, il serait tautologique de s’appesantir là-dessus tant les arguments avancés par l’État du Sénégal sont battus en brèche par des décisions de justice Sénégalaise et communautaire. Donc logiquement, une décision de la Cour Suprême aurait a priori abondé dans le même sens et aurait annihilé, du moins suspendu toute la procédure en cours. Ce qui serait des lourdes conséquences. Ce refus de délibérer montre à suffisance l’implication politique du sommet de l’État du Sénégal dans cette affaire. N’a-t-on pas coutume de dire que quand la politique rentre par la porte, le droit sort par la fenêtre.Mais on aura compris depuis le début de cette affaire, Hissein HABRÉ n’est pas un justiciable comme les autres. En cela, il ne peut bénéficier d’une décision favorable à l’instar des décisions antérieures à fortiori une décision qui anéantirait tout le processus. Sinon, comment expliquer ce déni de justice.
Le président Habré vient de boucler arbitrairement, seul, une année en prison sans qu’aucune véritable enquête ne soit menée encore moins ne soit prouvée matériellement la moindre charge retenue contre lui. En dépit de nombreuses commissions rogatoires, il n’y apparaît aucune information objective, crédible sur l’état de l’instruction.En réalité, les commissions rogatoires effectuées au Tchad se sont soldées par des échecs ne suscitant aucun engouement de la part des populations Tchadiennes, pourtant premières concernées dans cette histoire. Qu’importe, ce qui intéresse le procureur général et Cie, c’est la personne du président. C’est pourquoi, ils ont mis la main sur lui avant d’enclencher une quelconque enquête. Comment justifier plus d’un an après la mise sur pied de cette juridiction que Habré soit seul en prison alors qu’on nous pompe l’air avec le chiffre ahurissant de 40.000 morts. Désenchantons-nous, dès le déclenchement de la procédure, le procureur avait annoncé la couleur : « Tout ce qui m’importe, c’est Hissein HABRÉ ». Que dire de spectacle que nous offrent les juges des chambres et le gouvernement Tchadien au sujet du refus de transfèrement par ce dernier des coaccusés à Dakar.Crainte d’un déballage aux conséquences dommageables ? Toujours est-il qu’un climat de suspicion et de méfiance est installé entre l’argentier et les exécutants et la rupture semble être consommée. Qui vivra verra dit-on !
Bref, il serait fastidieux d’énumérer tous les actes posés durant l’année écoulée par les juges des chambres Africaines, les uns aussi gravissimes que les autres, allant de l’épisode ubuesque de turban aux violations des droits de mis en cause les plus élémentaires.Toutefois,il n’est pas vain de s’attarder sur l’attitude suspecte et critiquable de ces ONG(Raddho,HRW,FIDH ,Ligue Sénégalaise de Droits de l’Homme) qui prétendent défendre les droits humains et qui hurlent à longueur de journée quand ils s’agit de parler des « victimes »mais gardent un silence coupable lorsque ce sont les droits de Hissein HABRÉ sont bafoués. Les convocations abusives et fantaisistes du président, l’empêchement de son avocat d’assister aux perquisitions de ses domiciles comme l’exige la loi, les menaces de lui désigner des avocats d’office (plutôt des larbins) alors qu’il en dispose et l’assistent depuis l’aube de l’affaire sont des cas entre autres d’empiétements de ses droits. Ces situations auraient dû les insurger et méritent d’être condamnées. Aussi nulle part, on les a entendues dénoncer les sorties médiatiques outrancières et attentatoires du procureur général en violation du secret de l’instruction et les droits de mis en cause. La neutralité et l’équilibre de traitement aurait voulu qu’elles fustigent toute violation quelque soit le camp en question si tant telle est leur finalité. N’est-ce-pas la preuve de leur implication partisane dans cette affaire ! Leur mutisme renforce davantage la thèse des organisations affairistes et nullement animés par les idéaux des droits de l’Homme.
La notion d’un procès juste et équitable ne se borne pas à des déclarations de bonnes intentions comme le clament inlassablement les autorités Sénégalaises et le procureur Mbacké FALL. Ce sont des actes et des garanties juridiques. Un procès équitable, c’est un procès dans lequel les parties disposent des armes égales où la défense peut, elle aussi, mener des investigations en toute indépendance, interroger les présumés victimes, recueillir des témoins à décharge…Or ce qu’on constate, c’est une justice à sens unique où la défense est muselée. Ceci dit, les conditions d’un procès juste et équitable ne sont pas réunies et les actes posés vont aux antipodes de ces exigences précitées. A l’allure où vont les choses notamment l’orientation à charge de la procédure n’augurent rien de rassurant et nous conduit inexorablement à une condamnation du président Habré. Cette situation suscite de plus en plus l’indignation générale et beaucoup des personnes éprises de justice s’interrogent sur les véritables motivations de cette histoire, qui sauf une volonté de rendre justice.
Au regard de tout ce qui précède ; on ne peut s’empêcher de s’allier sur la stratégie de défense du président Habré qui consiste à ne pas collaborer avec ce tribunal. Participer à cette parodie, à cette mise en scène reviendrait tacitement à accorder un quelconque crédit, une certaine légalité à ce tribunal. Collaborer, c’est aussi, cautionner d’emblée cette mascarade qui ne mérite que d’être traitée avec mépris et rejet. C’est un moyen pacifique de résistance qu’adopte le président face à cette justice de deux poids, deux mesures. Une justice qui ne lui reconnait pas la présomption d’innocence, qui piétine ses droits, qui le condamne avant jugement. Et manifestement cette stratégie du silence du président agace. C’est un scénario auquel vraisemblement les juges des chambres ne s’attendaient pas et semble le prendre au dépourvu à l’image du procureur qui s’en est pris au turban du président. Scène aussi cocasse que puisse paraître ! Après tout, c’est son droit de garder le silence. Delà, vouloir lui imposer des avocats comme le menace le procureur Mbacké, c’est franchir la ligne rouge. Ce passage en force est révélateur quant à la volonté des juges de le condamner vaille que vaille. Nul n’est tenu d’obéir à un ordre manifestement illégal !!!
L’affaire Habré a un effet boomerang. Elle est dirigée contre lui mais frappe ses instigateurs. C’est un fait. Ce n’est pas Mimi Touré ou Padaré qui me contradiront.Le défunt Kadhafi qui a juré la main sur cœur de se venger sur l’Homme qui lui a infligé l’incurable blessure de sa vie a dûcéder. Ironie du sort : on a tous en mémoire la tragique fin qu’il a connu. À l’image de tristes sorts de ceux-là, tous ce qui ont les mains souillées dans cette affaire de près comme de loin; la vérité les rattrapera et les conséquences seront en ce moment-làcataclysmiques. Quoi qu’il en soit, il arrivera un jour, où la vérité se manifestera, les combines mises à nu et que le président Habré aura retrouvé la plénitude de ses droits. En ce moment-là, l’histoire retiendra que tout ce qui trame autour de cette affaire n’aurait été qu’une une grosse imposture !!!Ce jour-làarrivera, j’en suis persuadé.
Ahmad Wardougou Tchou